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Voilà maintenant quatre jours que Pierre, Antoine et Alma pérégrinent, sans argent, à la rencontre des habitants. Le départ semble loin. "J’ai l’impression d’être en mission depuis des semaines", explique Pierre.
Les angoisses semblent loin, elles aussi. Pour Antoine, "le Seigneur comble à chaque instant tous les besoins, c’est troublant de tendresse". Alma est marquée par "la précision avec laquelle le Christ chérit". Pour meilleure preuve, les pèlerins se souviennent du déjeuner frugal composé de quelques tomates et de deux cents grammes de taboulé. Bien qu’avalé au bord d’un ruisseau charmant, la faim les a surpris après seulement deux heures de marche. Une pause topographique, vers 15h, conduit l’équipage à sonner à une habitation pour un goûter. C’est alors que la propriétaire se précipite tout sourire et exulte : "Bien sûr, entrez ! C’est formidable !". Alma raconte un repas "digne du meilleur anniversaire d’enfant : des glaces, des brioches, du jus de fruit, du chocolat…". Mais surtout "une rencontre profonde avec une famille gorgée de bonté". Aucun des trois ne doute désormais ; le Ciel veille.
Requiem
Après quatre jours, les marcheurs de Dieu franchissent enfin les portes du Carmel de Lisieux. Tous trois s’agenouillent au pied de sainte Thérèse de Lisieux et déposent, après leur sac à dos, les dizaines d’intentions recueillies au long du périple. Les prénoms des hôtes et des bienfaiteurs défilent dans leur prière. L’heure défile sans avoir de prise sur eux. Seul le bon sacristain parviendra à les réveiller de leurs dévotions, vers 19h, pour fermer la chapelle.
C’est alors qu’un léger malaise s’installe. Leur silence n’est plus contemplatif mais combatif. Les mines réjouies s’effacent jusqu’à ce qu’Antoine brise la nouvelle atmosphère de plomb : "Je suis vidé, tout triste". "Et moi complètement abattu", renchérit Pierre. Alma les raisonne : "Nous sommes débranchés de l’Esprit saint ! La mission est terminée". La facilité des quatre jours d’évangélisation disparaît. Place à un océan de tristesse. Même l’Ermitage, l’hôtellerie destinée aux pèlerins, les refuse par manque de place et leur recommande d’aller dans le centre où pullulent les établissements sans âme.Cette chute de tension amène Antoine à réfléchir : "Le Bon Dieu nous sauve en nous retirant sa Grâce. Il est à l’origine de tout. Je ne suis qu’un simple instrument !".
Le paradoxe apostolique
Le train retour de Lisieux permet à Alma, Antoine et Pierre de rédiger des cartes postales pour chaque personne rencontrée sur le chemin. Ce support leur paraît idéal pour témoigner encore de leur affection et de leur Foi.
Le bilan de la semaine s’ensuit. Partis inquiets, les pèlerins reviennent en paix. Partis pauvres, les mains vides, ils n’ont jamais manqué, à aucun instant, et rentrent riches de souvenirs joyeux et de cadeaux. "Si j’avais voulu organiser des vacances par mes petits moyens, je n’aurais pu faire mieux", admire Antoine. "C’était fou !", jubile Pierre. Alma conclut par un sourire de défi : "On repart quand ?". Avec la vivacité de l’amitié naissante, la voix de sainte Thérèse résonne en eux : "J’ai senti que l’unique chose nécessaire était de m’unir de plus en plus à Jésus et que le reste me serait donné par surcroît. En effet, jamais mon espérance n’a été trompée".