Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Ils étaient une quinzaine, occupant discrètement deux rangs au milieu de la foule dans la salle omnisport d'Oulan-Bator, choisie pour accueillir la première célébration eucharistique d’un pontife dans le "Pays du ciel bleu". Parmi eux, seul un jeune homme parle anglais. "Nous venons de Mongolie intérieure" — une des régions chinoises frontalières de la Mongolie —, confie-t-il. "Nous faisons partie de l'Église souterraine".
L’expression désigne les catholiques de Chine qui sont à l’écart de l’Église officielle, tenue par le gouvernement en raison de leur fidélité à Rome. Martyrisée pendant la période communiste puis réapparue timidement après la mort de Mao, cette Église souterraine doit aujourd’hui affronter la grande entreprise de "sinisation" des religions entreprise par le gouvernement chinois, qui ne souhaite pas voir certains catholiques sous influence de puissances extérieures.
"Nous ne pouvions pas manquer cette messe, nous avons besoin de voir le pape François", assure encore le catholique chinois, un grand sourire sur les lèvres. "Il ne peut pas venir chez nous, alors nous, nous venons", poursuit-il se tournant vers ses parents qui semblent eux aussi très heureux d’assister à cette messe. Par chance, sa famille fait du "business" en Mongolie, aussi, venir voir le Pape n'a pas été compliqué, assure-t-il. Les évêques chinois n'ont pas eu cette chance : le gouvernement leur a formellement interdit le déplacement.
Une Église officielle "corrompue"
Quand on lui demande pourquoi lui et sa famille font partie de l'Église souterraine, le jeune Chinois déplore la "corruption" de l'Église officielle. "Nous avons payé le gouvernement deux fois pour construire une église chez nous, et deux fois ils l'ont fermée", a-t-il confié. "Une église ouverte en Chine est une église tenue par eux".
Au début de la messe, des fidèles chinois avaient brandi le drapeau national au moment où le pontife est entré dans la salle. Plus d’une heure plus tard, après avoir entendu les paroles du Pape sur la Chine, un sujet sur lequel il s'exprime rarement, c’est la foule entière qui a poussé des cris de joie. Et émergeant du centre de l'assemblée, on a pu entendre certains fidèles s'exclamer : "Ciao ! Ni Hao, viva il papa" - un étonnant mélange de chinois et d'italien signifiant "Bonjour, bonjour, vive le pape !".