Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Il n’est jamais évident de se positionner lorsque l’on accompagne des catéchumènes. Comment enseigner et dans quel ordre ? Comment accueillir la diversité des candidats ? Comment susciter l’intérêt ? Ces questionnements ne sont pas nouveaux. Au Ve siècle, un diacre de Carthage, nommé Déogratias, demande de l’aide à Augustin pour enseigner et accompagner les catéchumènes, ces adultes demandant le baptême. L’évêque d’Hippone, connu de tout l’empire comme un rhéteur, un pédagogue et un pasteur brillant, lui adresse un livre nommé : la catéchèse des débutants. Dans l’introduction, Augustin rappelle toutes les interrogations de Déogratias pour y répondre. L’objectif de son exposé est d’éveiller chez son auditoire : "Cette hilarité du cœur que Dieu nous inspire."
L’ouvrage n’est ni austère ni abstrait, il peut se considérer comme un traité pédagogique, catéchétique et une méthode de psychologie appliquée d’une étonnante modernité. Les exemples donnés sont concrets, pratiques et recèlent des expériences, auxquelles nombre de personnes peuvent s’identifier. C’est un trésor de sagesse à lire et à connaître pour tout accompagnant souhaitant donner envie à davantage de personnes d’entrer dans l'Église et d’y persévérer.
Le guide du catéchiste
Augustin propose, comme méthode, d’aborder l’histoire du salut, de son commencement, le premier verset de la Genèse, jusqu’au temps présent de l’Église. Cette narration n’implique pas de raconter toute la Bible dans le détail, mais de donner une vue d’ensemble, en insistant sur les faits merveilleux et marquants, propices à l’écoute et au plaisir. Cependant, ce récit, bien que général, ne doit pas devenir succinct, il faut prendre le temps de dérouler l’histoire. L’objectif est double, dégager l’essentiel pour ne pas fatiguer le public et susciter l’admiration.
Il exhorte à ce que le récit ne soit pas une simple instruction, mais une invitation à se convertir en changeant sa vie et ses pensées. Pour cela, il faut transmettre l’espérance de la résurrection et : "prémunir et encourager la faiblesse humaine contre les tentations et les scandales qui s’élèvent soit au dehors, soit à l’intérieur même de l’Église." L’espérance s’inculque en parlant des fins dernières et de la vie après la mort, afin de provoquer le désir d’aller vers la "cité de joie", le paradis. La protection du catéchumène face aux scandales n’implique pas de réfuter, systématiquement, tous les comportements et les hérésies, mais de rappeler brièvement et avec finesse les règles morales de la vie chrétienne et encourager à y persévérer. Il est essentiel de resituer le mal dans une perspective providentielle, et de rappeler qu’il est prédit par Dieu et participe à notre sanctification.
Dans un souci d’efficience, il est important de considérer la diversité des auditeurs, leur intérêt, leur niveau de culture, leur lecture et compréhension de la foi. En d’autres termes, il faut bien connaître, même sentir son auditoire, pour adapter son discours, sans dénaturer l’Evangile. Pour Augustin, l’enjeu consiste à engendrer "une atmosphère de joie", à cet effet, il est nécessaire que le catéchiste se prémunisse de six découragements qui conduisent à la tristesse.
Confier nos failles au Seigneur
Le premier cas est si l’auditoire ne saisit pas notre pensée et reste de marbre. Le deuxième cas est si l’exposé est désolant. Le troisième cas est si nous répétons ce qui nous apparaît comme des banalités. Le quatrième cas est si l’auditoire est peu respectif voire ne réagit pas. Le cinquième cas est le temps que cela nous prend et les sacrifices sur nos travaux et temps personnels. Le dernier cas est si le catéchiste est démuni face aux déviances morales de certains catéchumènes. Parmi les clés que nous donne Augustin, il y’a de reconnaître nos découragements, de confier nos failles avec confiance au Seigneur, de renouveler nos actes de charité malgré les frustrations, de demeurer patient et humble comme une mère avec ses enfants.