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Il y a des étés qui font tourner les têtes : telle chanteuse assez banale qui lance des anathèmes sur des mélodies populaires, tel vaticaniste tout émoustillé dès qu’il se tient auprès du Pape tout en le pourfendant dans ses éditoriaux... Notre gouvernement même, qui se réunit "en urgence" quand les 30 degrés s’annoncent en fin de vacances somme toutes assez fraîches. Il faut bien alimenter la machine à informer en la nourrissant de petites phrases, d’inquiétudes et de complots... Et puis il y a ce qui donne des raisons de se réjouir vraiment : n’est-ce pas là, au fond, la mission de l’été que de nous faire savourer ce que demain l’hiver cherchera à nous faire oublier ?
De toutes les cultures
Sur les JMJ de Lisbonne beaucoup a été dit : à moins d’être atteintes par un syndrome de masochisme aigu, on peut penser que les foules immenses qui se sont rassemblées manifestaient d’une part le désir de communier ensemble à une même Espérance, et que d’autre part, la personne qui les y invitait au nom du Christ ne leur était pas absolument indifférente. Il y avait à l’autre bout de la planète un autre rassemblement qui n’a été relayé que pour les inquiétudes météorologiques qui l’entouraient : le jamboree mondial du scoutisme en Corée du Sud. Près de 45.000 jeunes de 150 pays, de toutes les cultures et toutes les religions se sont retrouvées pour partager, découvrir et se réjouir de la pédagogie mise en place il y a plus d’un siècle par Baden Powell, et qui depuis lors ne cesse de s’adapter et se propager au monde entier.
Sur place, chaque pays présentait la manière dont le scoutisme s’exprime et aide des millions de jeunes garçons et filles à devenir les adultes qui auront à veiller sur le monde de demain tout en le construisant. Une dizaine de religions présentaient quant à elles la manière dont le scoutisme les rencontre et s’appuie sur elles : chrétiens des différentes Églises, juifs, musulmans, sikhs, bouddhistes, mormons... la rencontre fut belle.
Des enthousiasmes infinis
Les inondations, la canicule, l’arrivée d’un typhon : rien n’a entamé la joie profonde de cette fête. Les 330 jeunes Français envoyés par les mouvements de scoutisme membres de la Fédération française, comme les autres, supportèrent les failles d’une organisation locale, et les caprices des cieux, avec une capacité d’adaptation et une résilience tout à fait remarquables. La tête ne leur a pas tourné : ils savent, quoiqu’en disent les débats de salon qui font malheureusement trop souvent la Une, qu’ils auront à porter des défis gigantesques. Mais ils pressentent aussi, et ils le vivent d’ailleurs, combien la vie qui coule en eux est puissante et fait jaillir des désirs et des enthousiasmes infinis. Ils ne veulent pas se laisser enfermer dans nos querelles et servir de troupes aux uns comme aux autres. La pire des choses serait de chercher à les y enrôler.
Il y a quelque chose de souriant dans le scoutisme et son rapport au religieux.
Il y a quelque chose de souriant dans le scoutisme et son rapport au religieux : en France, il fut au début combattu par la plupart des évêques et par bien des responsables religieux. On mettait en garde les paroissiens contre cette pédagogie naturaliste et d’inspiration protestante ! Le père Sevin, fondateur du scoutisme catholique dans notre pays, fut assez mal reçu dans les tous premiers temps. Le succès rapide de la proposition finit par faire sauter bien des réticences les plus conservatrices...
Frères de tout homme
Les mouvements du scoutisme français regroupent aujourd’hui plus d’une centaine de milliers d’enfants et d’adolescents, certains profondément croyants, d’autre très peu. Cela leur est souvent reproché, comme si cela était étranger à la sécularisation massive que traverse notre société. En fait, ces mouvements, et en premier lieu les Scouts et Guides de France, sont de ces rares portes très ouvertes dans le paysage ecclésial qui accueille largement, permettant ainsi à nombre de jeunes Français d’être en lien avec l’Église. Jamais assez peut être aux yeux de quelques grincheux, mais toujours plus que s’ils étaient ailleurs. Premier mouvement de scoutisme en France, ils soutiennent activement l’émergence et la vitalité de mouvements d’autres confessions comme les Scouts musulmans de France qui ne rencontrent cependant pas encore dans leur communauté l’écho que l’on pourrait espérer alors qu’ils constituent une vraie chance pour nombre de jeunes en difficulté d’échapper à un environnement souvent mortifère. Au début du XXe siècle pour les catholiques comme aujourd’hui pour les musulmans, les religieux se méfiaient de cette pédagogie qui entraîne des jeunes de toutes croyances et de fois diverses, sur des sentiers où ils ne sont pas, eux, religieux, maîtres des programmes et des activités.
Le scoutisme fut fondé d’abord pour des jeunes pauvres, hors des beaux quartiers. Il a su gagner non seulement d’autres milieux sociaux mais d’autres cultures que celle dans laquelle il est né, toujours placé sous la responsabilité d’hommes et de femmes le plus souvent croyants mais toujours laïcs. Le scout se sait frère de tout homme et se réjouit de cette beauté du monde qui se révèle à mesure qu’il y grandit. La liberté qui lui est enseignée ne le coupe pas de son Créateur, bien au contraire, elle lui en fait découvrir la grandeur et l’amour. On ne peut que se féliciter de ce que, pendant une dizaine de jours, quelques milliers de jeunes venus du monde entier aient pu l’éprouver et en retirer autant de joie. Et espérer que cette joie-là soit, elle aussi, contagieuse !