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"C'est un sentiment tellement douloureux qu'il est difficile de l'exprimer avec des mots." Exarque gréco-catholique d’Odessa, Mgr Mykhailo Bubniy, revient pour Aleteia sur la destruction de la cathédrale orthodoxe d’Odessa dans la nuit du 22 au 23 juillet mais aussi sur les difficultés rencontrées par les communautés chrétiennes sur place.
Aleteia : Que symbolise cette cathédrale pour les habitants d’Odessa ? Comment les fidèles, aussi bien orthodoxes que gréco-catholiques, vivent-ils cette tragédie ?
Mgr Mykhailo Bubniy : Nous avons tous été choqués de voir cette cathédrale détruite. C'est un sentiment tellement douloureux qu'il est difficile de l'exprimer avec des mots. Rappelons qu’elle avait été détruite par le régime athée de Staline en 1936 et qu’au au cours des années 1990 et 2000, elle a été entièrement relevée de ses ruines par les fidèles de toute la ville, ainsi que par des entrepreneurs. Pour les Odessites, il s'agit donc d'un joyau spirituel. De plus, cette cathédrale était protégée par l'Unesco. C’est là une preuve de plus que les autorités russes ne respectent rien, ni le patrimoine culturel, ni même leurs propres fidèles, puisque cette cathédrale a été consacrée en 2010 par le patriarche de Moscou, Kirill.
De manière générale, comment décririez-vous les relations entre Églises chrétiennes à Odessa ? La guerre les a-t-elle changées ?
Oui, la guerre a changé beaucoup de choses. Les différentes Églises sont devenues plus sensibles aux difficultés des uns et des autres. La douleur commune unit et les gens s'entraident, en particulier les victimes, quelle que soit leur appartenance religieuse. Mais il faut dire aussi que beaucoup de fidèles orthodoxes restent aveuglés par la propagande russe, et nous le regrettons. C’est là un sujet très difficile et il faudra beaucoup de temps avant que ces personnes ne sortent du déni.
Nos prêtres s'exposent constamment à des dangers mortels pour servir les fidèles et les nécessiteux de notre région.
De quoi les communautés chrétiennes locales ont-elles le plus besoin aujourd’hui ?
Beaucoup de nos fidèles sont partis vers l'ouest de l'Ukraine ou à l'étranger. Mais grâce à l'important travail social de notre Église en faveur des blessés et de tous ceux qui sont dans le besoin, au soutien de différentes associations dont l’Œuvre d’Orient, de nombreux nouveaux croyants sont venus à nous. Il y a aussi une grande partie des fidèles qui faisaient partie de l'Église orthodoxe russe mais qui ont décidé de la quitter et de nous rejoindre. Nos communautés locales ont besoin d'un soutien humanitaire et financier pour pouvoir fonctionner. En particulier nos prêtres, qui s'exposent constamment à des dangers mortels pour servir les fidèles et les nécessiteux de notre région.
Comme pasteur, comment parvenez-vous à entretenir la foi et l’espérance, malgré une guerre qui tend à s’éterniser ?
En continuant à prier, à nous rassembler à l’église, à organiser diverses formations spirituelles, nos fidèles ne perdent pas courage. La foi chrétienne est l'un des piliers qui soutient aujourd'hui l'ensemble du peuple ukrainien et son armée. Mais au nom de la justice, je demande à toute la communauté internationale et à ceux qui disposent d’une quelconque influence de condamner sévèrement ces crimes de guerre russes. En 2014 déjà, l’annexion de la Crimée n’avait fait réagir personne. Aujourd’hui, l'Ukraine saigne et nos soldats sont comme des boucliers humains qui freinent l'agression russe afin de protéger l'Europe et ses valeurs – la démocratie, la liberté d'expression et l'État de droit. Aidez-nous donc à gagner cette guerre. Sinon, nous serons tous perdants.