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Comme beaucoup d’autres villes en France, Trappes, ville populaire de 34.000 habitants située à une douzaine de kilomètres de Versailles, a été ces derniers jours le théâtre de violentes émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué par un policier le 27 juin dernier à Nanterre. Commerces pillés, véhicules incendiés, bâtiments dégradés… "On a vécu un vrai cauchemar les premières nuits à Trappes", a rapporté Ali Rabeh, le maire de la ville, au micro de France Culture le 1er juillet. "Ce sont essentiellement le commissariat de police et les forces de l’ordre qui ont été ciblés. Les bâtiments municipaux ont été relativement préservés", a détaillé le maire.
Deux nuits "difficiles", confie quant à lui le père Étienne Guillet, curé de la paroisse de Trappes depuis 2015, à Aleteia. "La situation semble se calmer, un certain apaisement est apparu assez vite, dû sans doute à l’engagement des responsables de la ville, à la présence des forces de l’ordre mais aussi aux discussions dans les familles. Je pense que les jeunes ont réalisé qu’en détruisant les commerces, les moyens de transports de leur ville, ils fabriquent leur propre malheur et sont les premières victimes".
"D’une seule voix, un appel à la paix"
Face au chaos, la paroisse de Trappes n’est pas restée inactive, loin de là. Dans la nuit de jeudi à vendredi 30 juin, les responsables religieux de la commune ont rédigé ensemble, cosigné et publié une lettre intitulée "D’une seule voix, un appel à la paix", adressée aux communautés juives, catholiques, protestantes et musulmanes de Trappes. "En quelques heures, nous sommes tombés d’accord sur un texte commun, une première ! Nous nous connaissons bien et entretenons de bonnes relations, pas uniquement en temps de crise. Et dans cette ville assez religieuse, quand les responsables religieux prennent la parole, ils sont quand même écoutés", souligne le père Étienne Guillet. Un message fort dans lequel les responsables religieux assurent qu’ils ont "confiance dans la justice de notre pays" et que "maintenir la paix à Trappes est [une] responsabilité commune", pas seulement l’affaire des forces de l’ordre mais celle de tous les parents et de tous les citoyens. "Un monde de paix est le désir de Dieu", concluent unanimement les représentants religieux. Un communiqué relayé également par une vidéo mise en ligne ce 4 juillet sur les réseaux sociaux des différentes communautés de Trappes.
"Recherche la paix, poursuis-la"
Autre geste fort, la paroisse saint Georges a réalisé des bracelets sur lesquels est brodé le psaume "Recherche la paix, poursuis-la" (Ps 33, 15). Ils ont été remis à une centaine de jeunes lors de la messe de fin d’année dimanche dernier - messe célébrée en faveur de la paix. "En 24 heures, on a fait faire les bracelets et les jeunes ont reçu ce ruban avec la mission d’être actif pour ramener la paix. Moi je ne connais pas les émeutiers, mais eux si ! C’est un voisin, un cousin… Ils sont les meilleurs apôtres de la paix, et nous enlèverons les bracelets une fois que le calme sera rétabli", explique le curé.
Favoriser l’insertion des jeunes
Mais si la violence s’estompe, le sujet n’est pas clos pour autant, estime le prêtre. "C’est compliqué, pour un jeune ici, sans réseau, de trouver un stage, ou une alternance. Beaucoup ont le sentiment d’être laissés de côté. Or le père Daniel Brottier, directeur des Orphelins Apprentis d’Auteuil, disait que c’est par le travail qu’un jeune va relever la tête et retrouver sa dignité", cite Étienne Guillet.
Je n’ai pas de levier pour agir sur le contexte en France, mais j’ai un petit levier, à Trappes, pour les 50 jeunes qui partent aux JMJ, pour les 40 qui reviennent du Frat.
C’est pourquoi, dès cette semaine, une rencontre est prévue entre des chefs d’entreprise des Yvelines, les responsables de jeunes (parents d’élèves, patronage) ainsi que des lycées et des étudiants. "Je n’ai pas de levier pour agir sur le contexte en France, mais j’ai un petit levier, à Trappes, pour les 50 jeunes qui partent aux JMJ, pour les 40 qui reviennent du Frat. Certains viennent d’avoir leur bac, il y a des mentions, c’est le moment de montrer qu’on a confiance en eux, de les faire se déployer, par les études, ou par un travail, sans quoi ils prendront part aux prochaines émeutes. Le jeune qui a un apprentissage, il n’est pas dans la rue. À nous d’être à leurs côtés".