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106 ans, c'est le temps qu'il aura fallu au crucifix de l'église de Doingt-Flamicourt pour revenir sur sa terre. En 1917, alors que les combats ravagent la Somme martyrisée par la Grande Guerre, l'église de Doingt-Flamicourt s'effondre après un bombardement. De ses ruines, un pasteur anglican de passage à Doingt emporte outre-Manche le Christ en croix doré, dans sa paroisse de Tinwell, bourg de 250 âmes situé à 170 kilomètres au nord de Londres. Le 1er juillet, il retrouvera sa place dans l'église reconstruite dans les années 1930, rapporté par une délégation britannique.
C'est lors de la commémoration de la Première Guerre mondiale, en 2018, qu'un jeune homme de la paroisse de Tinwell lance le mouvement : il fallait rendre le crucifix à la France, puisqu'il lui appartenait ! S'apercevant que la commune de Doingt existe toujours, la paroisse de Tinwell entame une démarche auprès du maire. "Il y a quatre ans, le maire a reçu un courrier expliquant qu'un crucifix avait été emmené par un britannique de la paroisse de Tinwell, explique à Aleteia Hubert Boizard de l'assocation “Mémoire de Doingt-Flamicourt”. Avec le président de l’association et l'abbé Brunel, nous avons trouvé ce dossier intéressant. Nous avons donc pris contact avec eux."
Temps de recueillement
Pour ce catholique membre de la paroisse saint Jean-Baptiste, cet événement inédit est susceptible de rassembler bien au-delà du symbole religieux. "La distinction entre paroisse et commune, croyants ou non ne se fait plus : c'est la mémoire qui l'emporte." Pour le père Jean-Louis Brunel, curé de la paroisse, cet événement suscite malgré tout une "forme d'effervescence qui ravive la communauté catholique". "Dans la douleur de la guerre, le Christ avait sa croix plantée au milieu des ruines de cette église totalement rasée. C'est un peu une relique que l'on nous rend", estime le prêtre.
Samedi 1er juillet, un temps de recueillement aura lieu en présence de la délégation britannique au cimetière du Commonwealth, où reposent 450 soldats morts pour la France. Après un accueil sur le porche de l'église, le crucifix sera transporté jusqu'à l'autel où il retrouvera sa place initiale avant une célébration œcuménique. Un Notre-Père sera récité dans chaque langue.
Honorer la mémoire
Pour les habitants de Doingt, le retour de ce crucifix est avant tout une nouvelle façon de commémorer la Grande Guerre, et plus particulièrement la bataille de la Somme. "Réplique de Verdun" lancée le 1er juillet 1916, cette offensive conjointe entre Français et Britanniques allait se terminer dans un effroyable bain de sang, avec plus de 200.000 morts pour les premiers et 400.000 pour les seconds. "Il y a une forte sensibilité à ces événements tragiques de la guerre ici, relève Hubert Boizard, la mémoire des combats est forte car la déconstruction avait été importante. Il y a ce souvenir collectif d’une région complètement détruite, qui a beaucoup souffert, plus qu’ailleurs en France peut-être. C'est un symbole fort et un temps émouvant qui s'annonce entre Français et Anglais."