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S’il nous reste quelques restes du catéchisme suivi dans notre prime jeunesse, retrouver le nom des douze disciples appelés par Jésus au début de son ministère est un jeu d’enfant : Pierre, André, Jacques et Jean, Philippe, Barthélemy, Thomas, Matthieu, Jacques, Thaddée (appelé aussi Jude), Simon et Judas (remplacé par Matthias après la résurrection, cf. Ac 1, 26). Nulle trace de saint Paul. Et, pourtant, il est fêté avec Pierre en ce 29 juin, avec la liturgie propre aux apôtres.
Le terme "apôtre" est en effet équivoque. Dans les évangiles, il n’est employé qu’une fois par Matthieu et Marc, jamais par Jean, mais ne qualifie pas proprement le groupe des Douze, signe du nouvel Israël puisque le nombre renvoie aux douze tribus issues de Jacob. Luc, quant à lui, identifie les deux qualités : celui qui fait partie des Douze est appelé "apôtre". En grec, ce mot qui signifie "envoyé" n’a pas de connotation particulière. Comme Barnabé, Tite ou Timothée, Paul peut ainsi être qualifié ainsi.
Un titre qu’il s’est d’abord lui-même attribué
D’ailleurs, c’est d’abord lui qui s’attribue ce titre, dans de nombreuses lettres. "Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être apôtre"? dit-il ainsi au premier verset de sa lettre aux Romains. Selon lui, Jésus lui-même, sur le chemin de Damas, l’a envoyé. Avoir fait l’expérience du ressuscité fonde sa légitimité et son ministère auprès des gentils (Ga 2, 8) : "En effet, si l’action de Dieu a fait de Pierre l’Apôtre des circoncis, elle a fait de moi l’Apôtre des nations païennes."
L’Église, en contemplant cette complémentarité, a toujours honoré les deux saints d’une même fête. L’un a suivi le Christ et fait l’expérience de son incapacité à le suivre. L’autre a persécuté les chrétiens avant de connaître la miséricorde de Dieu. Pierre figure l’Alliance avec Israël, Paul l’ouverture du salut à toutes les nations.
Morts à Rome, ils manifestent l’unité de l’Église et sa nature. Recevant, dans une transmission ininterrompue, la Bonne nouvelle annoncée par Jésus et vécue par les apôtres, elle la proclame elle-même à tous et partout. Ainsi est-elle fidèle à l’apôtre des Gentils (Rm, 1, 16) : "En effet, je n’ai pas honte de l’Évangile, car il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque est devenu croyant, le Juif d’abord, et le païen."