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Après que Jésus ait décidé de se rendre en Galilée, le troisième jour – chiffre hautement symbolique annonciateur de sa Résurrection à venir – un mariage eut lieu à Cana, Jésus et ses disciples y furent invités avec Marie également présente. Avec ce récit du Nouveau Testament, nous sommes en présence d’une scène classique du quotidien – celui de noces – mais, ici, cet heureux événement jusque là joyeux et festif va être marqué par la survenue d’un incident fort fâcheux en ce jour de fête si important : arriva en effet le moment où le vin pour les invités vint à manquer…
L’évangéliste Jean relate très précisément cet épisode biblique passé à la postérité (Jn 2,1-11) : Marie, s’apercevant de l’incident, s’empressa de prévenir Jésus : "Ils n’ont pas de vin." ; mais, celui-ci lui répondit de manière surprenante pour nous : "Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue." signifiant par là même que le don ultime qui sera versé par Jésus sur la Croix n’est pas encore arrivé. Confiante, cependant, Marie recommande néanmoins aux serviteurs de réaliser tout ce que Jésus leur dira de faire, signe de son total abandon à la volonté de son fils.
La gloire de Jésus
Six jarres de pierre étaient disposées pour les purifications rituelles, le texte précise même que chacune d’entre elles pouvait contenir environ cent litres. La suite des évènements de Cana est connue : Jésus demande à ce que les jarres soient emplies d’eau et portées au maître du repas qui ne peut que constater avec surprise la qualité extrême de ce vin dont il ne connaissait pas la provenance… Contrairement à une coutume répandue, ce ne sera pas du vin de moindre qualité qui sera versé, lorsque la fête s’attardera, aux invités mais à l’inverse un vin du meilleur cru…
Jésus par cette transformation miraculeuse de l’eau en vin à Cana manifeste en effet sa gloire au monde dans le cadre festif d’une noce. L’épisode hautement symbolique s’inscrit dans le cadre rituel juif, les jarres servant habituellement à la purification avec de l’eau vont devenir le contenant d’un vin pour la fête, signe d’une nouvelle Alliance qui préfigure celui du sang versé lors de sa Passion ; ce qui se trouve confirmé par le jour même du début de ce miracle puisqu’il est précisé que c’était le troisième jour de sa venue en Galilée.
Le pape théologien Benoît XVI a souligné combien ce miracle des Noces de Cana témoignait de l’abondance et de la profusion des signes manifestés par Dieu dans sa création (Homélie Fatima 13 octobre 1996) :
Il dépense, crée l’univers tout entier pour faire de la place à l’homme. Il donne la vie dans une incompréhensible abondance. Et dans la Rédemption Il s’offre Lui-même, Il se fait homme en endossant toute la pauvreté de la condition humaine parce que rien ne Lui est suffisant, à ses yeux, pour manifester Son amour. Cette abondance, cette prodigalité sont l’expression d’un amour qui ne comptabilise pas, qui n’énumère pas, mais qui, sans penser à lui, se donne simplement. Cette libéralité, cette prodigalité de Cana correspond à la manière dont Dieu se manifeste à l’homme tout au long de l’histoire et nous permet de pressentir la magnificence, la grandeur et l’inépuisable bonté de Dieu.
Une source d’inspiration pour les artistes
Les célèbres Noces de Cana inspireront les plus grands artistes dont le grand peintre Giotto vers 1303-1305 pour la Chapelle des Scrovegni à Padoue en Italie. Dans cette œuvre majestueuse à l’ordonnancement parfait, le peintre retient la dimension nuptiale du banquet de noces de son époque. Jésus est placé sur la gauche attablé avec les convives et d’un geste béni l’eau versée dans les six jarres figurées à la droite de la fresque, comme pour mieux souligner la prochaine évocation de la Cène la veille de sa Passion. Les époux sont dans cette fresque presque secondaires, Jésus et sa mère Marie, toux deux auréolés, formant les principaux personnages, allusion aux "noces" du Christ et de l’Église.
Véronèse, deux siècles et demi plus tard, livrera une tout autre version du miracle dans sa célèbre et monumentale toile "Les Noces de Cana" (6.77 × 9.94 m) accrochée au musée du Louvre ; ce sera, en effet, un impressionnant banquet mondain dans un palais digne de ceux de Venise au XVIe s que représentera ce peintre incontournable de la Renaissance italienne. La fête y bat son plein et les musiciens et serviteurs concourent à ce que rien ne manque. Dans cette représentation luxuriante, seul Jésus accompagné de sa mère trône au cœur du tableau, droit et stoïque, sa tête auréolée de gloire anticipant la Cène à venir, dernier repas du Christ avant sa Passion…