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L’état-major des armées françaises a mis sur pied en 2020 un cycle d’exercice triennal, dont "Orion" constitue la première étape, lancée en 2023. Cet exercice simule toutes les facettes d’une opération de grande envergure afin de fortifier la pleine efficacité opérationnelle des forces armées. Il s’agit également pour la France de confirmer auprès de ses alliés sa crédibilité à s’engager pour la défense de ses intérêts vitaux.
Entraîner les armées à la guerre de haute intensité
Passer du Sahel à l’Ukraine : tel est l’enjeu actuel de l’armée française. Après vingt ans de lutte contre des guérillas, en Afghanistan et en Afrique, le défi de l’armée de terre est de se préparer à combattre un ennemi symétrique, étatique et en mesure de frapper le territoire national. Même si son nom n’est jamais prononcé, c’est bien évidemment à la Russie que tout le monde pense. Telle est la raison d’être de l’opération Orion : manier les chars, l’artillerie, l’aviation, le train pour défendre le territoire national et repousser l’ennemi.
Orion doit également préparer à l’adaptation aux différents terrains : guerre urbaine, de plaine, de montagne, franchissement des cours d’eau. Les combats en Ukraine démontrent qu’aucune armée ne peut s’affranchir de la géographie, même avec les développements techniques actuels. Et parce que la guerre ne se limite pas au front, Orion intègre aussi les luttes d’influence, les attaques cyber et la vie des soldats. Il s’agit d’une part de s’entraîner à la guerre de grande ampleur tout en apprenant à gérer les flux logistiques et à conduire des actions communes avec les alliés. La communication des postes de commandement, les relations entre l’état-major et les unités sur le terrain sont l’autre aspect fondamental de cet entraînement, cette fibre invisible de la guerre qui permet aux unités de communiquer entre elles et donc de conserver leurs liens.
Engagement des troupes et des pays
Orion simule une crise internationale entre deux pays fictifs : Mercure et Arnland, le premier cherchant à établir son influence sur le second. Pour cela, Mercure finance des milices qui déstabilisent le sud d’Arnland et déploie des forces conventionnelles à ses frontières. Le conflit prend la forme d’une véritable guerre hybride. Bien que purement fictif, l’exercice reste crédible et permet d’appréhender les différents stades d’un conflit moderne.
À la tête d’une coalition internationale, la France vient en aide à Arnland qui se trouve attaqué. Ainsi, après une étape de planification (phase 1), la France mobilise ses troupes d’urgences interarmées (phase 2). S’ensuit une gestion de crise (phase 3) qui aboutit à la décision de déployer massivement les armées françaises au travers d’une coalition contre Mercure (phase 4) dans le cadre d'une opération sous la délégation de l’ONU et de l’OTAN.
Pour cette opération, l’armée a mobilisé 12.000 militaires, quatre mois durant. Les trois armes sont concernées : l’armée de terre, avec des opérations terrestres, aéroportées et amphibies, l’armée de l’air, avec cinquante aéronefs et la marine, avec trente bâtiments dont le porte-avions Charles-de-Gaulle. Le scénario fictif déployé pour l’exercice permet à toutes les composantes des armées de travailler ensemble de façon coordonnée.
S’entraîner au cœur du territoire national
Les phases de l’opération active, c’est-à-dire les phases 2 et 4, se sont déroulées sur le territoire national. La deuxième phase s’est déroulée dans le sud de la France, où les forces armées ont dû prouver leur capacité à se rendre sur un territoire hostile. Pour cela, des centaines de parachutistes et plusieurs tonnes de matériels ont été largués lors de la journée d’ouverture de l’exercice, autour de Castres. Le lendemain, plusieurs centaines de soldats ont débarqué dans l’Hérault avec leurs véhicules, dans le cadre d’une véritable opération amphibie.
La quatrième et dernière phase de l’opération a transformé la Champagne-Ardenne en authentique champ de bataille. Dans des conditions réelles, plusieurs milliers de militaires français et alliés ont simulé des affrontements au cours de combats intenses, à l’image de ceux qui ont lieu en Ukraine. Dans cette quatrième étape, les forces se sont affrontées au sein de la ville artificielle de Jeoffrécourt dans l’Aisne. Cette dernière était tenue par l’État fictif de Mercure et devait être reprise par les alliés.
Pour les militaires, c’est la guerre comme s’ils y étaient. Tout est réaliste, sauf les munitions, simulées par un système de laser, qui indique ou non si le coup virtuel a touché sa cible. Pour rendre l’opération crédible, la force ennemie, représentée par Mercure, compte une dizaine de bâtiments de combat, dont un sous-marin et un porte-aéronefs. De plus, la milice fictive soutenue par Mercure est jouée par des unités de l’armée de terre, représentant plus de 10% du volume engagé. Pour entraîner les soldats au combat en condition réelle, des arbitres désignent les morts et les blessés à évacuer. L’armée française attend beaucoup des retours d’expérience de cette opération. La réalité de la guerre est toujours sans précédent et les imprévus sont nombreux, mais ce type d’opération permet d’entraîner les militaires et de rassurer quant aux forces opérationnelles des armées françaises.