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À Rome, empire des automobilistes et des scooters, la "bici" — comme on appelle le vélo de ce côté des Alpes — n'est habituellement pas traitée comme une "petite reine". La conduite agressive du citoyen romain, les trous dans la chaussée ou encore les imprévisibles sanpietrini, petits pavés typiques de la cité, sont des adversaires sans pitié pour les inconscients qui se lancent sur deux roues et sans moteur.
D'ailleurs, le Giro d'Italia, équivalent du Tour de France sur la Botte, a pour habitude de commencer et de terminer à Milan. Mais pas ce dimanche : pour cette 106e édition, Rome a supplanté les Lombards, et est le théâtre du sacre du plus valeureux des cyclistes engagés. Si ce dernier, et tous ses vaillants adversaires, ne passent pas sous une arche de triomphe, un beau parcours leur est réservé : thermes de Caracalla, Circus Maximus, Colisée, Forum, place Navone, Château Saint-Ange...
Pendant un bref instant, le peloton a ainsi fait face à ce que les Romains nomment « Cuppolone », la majestueuse coupole de la basilique Saint-Pierre. Ce bref virage sur la célèbre via della Conciliazione rappelle l'édition de 1974, lancée depuis la place Saint-Pierre, et donc sur le territoire du Vatican, par le pape Paul VI. Elle avait été remportée par le "cannibale" Eddy Merckx.
Le Vatican et le cyclisme, une passion ancienne
Des souvenirs qui pourraient ressurgir prochainement, le Vatican étant officiellement devenu membre de l'Union cycliste internationale en 2021. En 2022, le petit État avait même aligné pour la première fois un coureur aux championnats du monde, l’Australien Rien Schuurhuis — le compagnon de l'ambassadrice du même pays près le Saint-Siège — sous les couleurs blanche et or du drapeau papal.
En 2021, le directeur du Giro d'Italia, Mauro Vegni, s'était réjoui de voir la relation entre le cyclisme et l'Église retrouver les "fastes de son passé" après l'entrée du Vatican dans l'UCI. Il pensait sans nul doute aux "saints" du peloton, Gino Bartali dit le Pieux, ou le tenace Felice Gimondi, à l'amour de Jean-Paul Ier et de Jean-Paul II pour sa discipline...
Le patron de la course rose avait alors confié son souhait de donner le "grand départ" d'une prochaine édition depuis l'intérieur du Vatican. Un projet qui semblait, à l'époque, ravir les représentants de la Curie investis dans la pastorale du sport.