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Alors que la paroisse Saint-Pierre-de-Pleurtuit a organisé ce 7 mai 2024 des Rogations pour demander la pluie, ou qu'un prêtre de Gap a béni une ferme ce 10 mai, voilà l'occasion de revenir sur l'origine des Rogations. La Conférence des Évêques de France les définit ainsi : "Prières d’intercession s’exprimant au cours de processions à travers la campagne, généralement lors des trois jours qui précèdent l’Ascension. On y demande à Dieu de bénir et faire fructifier les travaux des champs. Aujourd’hui, les Rogations n’ont pas la même importance qu’autrefois du fait du développement de la vie urbaine".
Les rogations, les processions et l'Ascension
Depuis les débuts du christianisme en effet, l'Église romaine a eu pour coutume de parcourir la ville, ou la campagne, certains jours de l'année pour implorer la bénédiction et la protection de Dieu sur le peuple. On les appelait "jours de Rogation", du latin rogare, qui signifie "demander". Ils se concrétisaient par des processions religieuses incorporant des prières appelées "Grandes et petites litanies", où les prêtres et le peuple chantaient des litanies de supplication à Dieu. Les grandes litanies étaient célébrées le 25 avril de chaque année et les petites litanies avaient lieu les lundi, mardi et mercredi précédant le jeudi de l'Ascension. Traditionnellement, la litanie des saints était alors chantée pendant la procession et suivie de plusieurs prières. La messe de ces jours-là était célébrée dans une atmosphère sombre de supplication, sans le Gloria, et avec des vêtements violets. On pense que l'Église de Rome a institué les Grandes Litanies le 25 avril pour commémorer l'entrée de saint Pierre à Rome, célébrer la providence de Dieu et la désignation de la ville comme centre de la chrétienté.
Dom Prosper Guéranger, le refondateur de Solesmes, expliquait ainsi l'ambiance et le but des jours de Rogation dans son Année liturgique.
"Aussi chargés que nous soyons des multiples grâces de ce saint temps, et exaltés par nos joies pascales, nous devons tempérer notre allégresse en réfléchissant aux motifs qui ont conduit l'Église à jeter cette heure d'ombre sur notre soleil de Pâques. Après tout, nous sommes des pécheurs, nous avons beaucoup à regretter et beaucoup à craindre ; nous devons éviter les fléaux dus aux crimes de l'humanité ; nous devons, en nous humiliant et en invoquant l'intercession de la Mère de Dieu et des saints, obtenir la santé de nos corps et la conservation des fruits de la terre ; nous devons offrir à la justice divine l'expiation de notre orgueil et de celui du monde, de nos indulgences pécheresses et de notre insubordination".
Au fil du temps, les jours de Rogation ont été davantage associés à la demande de bénédiction de Dieu sur les champs pendant la saison des semailles. L'une des prières chantées au cours de la procession était la suivante : "Veuillez donner et conserver les fruits de la terre", qui rappelle la sollicitude providentielle de Dieu à l'égard de la création. Dans les paroisses rurales, la procession prenait souvent la forme d'une marche le long des limites de la paroisse (une coutume connue en Angleterre sous le nom de "beating the bounds") et d'un passage à travers les champs des nombreux agriculteurs, bénissant leurs cultures dans l'espoir d'une récolte abondante à l'automne.
Les rogations après Vatican II
Aujourd’hui, les Rogations n’ont plus une place fixe dans le calendrier liturgique postconciliaire, mais dès 1969, mission a été donnée aux conférences épiscopales de chaque pays d’en organiser le déroulement en fonction des besoins. Chaque pasteur peut donc se montrer inventif. En France actuellement, lorsque des évêques, des curés de paroisses rurales, des communautés, proposent à nouveau des "Rogations", c’est souvent sous la forme d’une messe suivie de procession (ou de processions conclues par une messe). Les "trois jours" d’autrefois dans le même lieu sont répartis sur trois lieux différents d’une même paroisse, offrant aux gens la possibilité d’une bénédiction plus proche de leurs lieux de travail. Souvent, la messe est le moment de bénir les fruits de la terre, blé, vigne, ou toutes sortes de fruits, que les gens apportent.
Le missel romain offre des formulaires de messe pour le temps des semailles (n°27), ou pour les récoltes (n°30). Le livre des bénédictions contient aussi de belles prières que chacun, prêtres ou laïcs, peut prier sur les lieux de son travail. Par exemple :
"Dieu, qui dans ta providence dès le commencement du monde as prescrit à la terre de produire l’herbe et des fruits de toute sorte, toi qui donnes au semeur la semence et le pain pour la nourriture, nous t’en prions : permets que cette terre, enrichie par ta largesse et cultivée par le travail des hommes, produise du fruit en abondance pour que ton peuple se réjouisse des biens que tu lui accordes, et qu’il te rende grâce ici et dans l’éternité. Par Jésus, le Christ notre Seigneur. Amen"