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Des documents de l'instruction de Brahim Aouissaoui, mis en examen pour l'attentat de la basilique Notre-Dame de Nice, ont pu être consultés par l'AFP. Ces derniers, qui sont principalement des comptes-rendus des interrogatoires menés par le juge d'instruction, révèlent l'existence d'une profonde détermination chez Brahim Aouissaoui, tandis que celui-ci persiste à refuser d'expliquer son acte, qui a coûté la vie à trois catholiques.
Plaidant une amnésie, il aurait répondu à plusieurs reprises "Je ne m'en souviens pas", ou "Je n'ai rien à dire", après avoir été interrogé à cinq reprises, entre le 6 avril 2021 et le 28 novembre 2022. Lors de son premier interrogatoire, il pousse les dénégations jusqu'à l'absurde, refusant de se reconnaître sur des photos trouvées dans son téléphone ou les images de vidéosurveillance.
Le prétexte de l'amnésie
Si deux interventions chirurgicales ainsi qu'un séjour en réanimation, liées à ses blessures par balles, ont pu altérer ses souvenirs pendant quelques temps, les experts psychiatriques notent toutefois qu'il est impossible d'avoir perdu entièrement la mémoire et tout repère biographique. Un constat qui corrobore avec la vision du juge d'instruction, pour lequel "le caractère systématique et opportuniste" de son amnésie ne constitue pas "un déni" mais "un système de défense qui relève d'un refus de toute collaboration" avec la justice. Par ailleurs, son discernement lors de l'attaque n'était ni aboli, ni altéré, et il présente un "profil psychopathique violent", selon les experts.
L'enquête relève également que le parcours migratoire de Brahim Aouissaoui s'inscrit dans une dynamique terroriste, même si celui-ci n'avait semble-t-il plaidé allégeance à aucune organisation islamiste. Ainsi, le projet de départ de ce Tunisien vers la France se concrétise peu après les appels de groupes djihadistes à viser la France, au moment du procès des attentats de Charlie Hebdo. "Normalement demain je partirai en France, le pays des mécréants et des chiens", écrit-il à un contact le 25 octobre. "Mon ami je travaille un peu, j'ai un projet, que Dieu me le facilite", envoie-t-il la veille à un autre.
Une haine de la France
Si aucun message explicite sur un projet d'attaque n'a été retrouvé, les investigations ont démontré "la radicalisation à caractère terroriste" du Tunisien et "sa haine de la France". Dans son portable ont été retrouvées des photos d'Abdullakh Anzorov, l'assassin de Samuel Paty, et du président Emmanuel Macron devant le cercueil de l'enseignant, publiées le 22 octobre dans un magazine du groupe État islamique avec un appel "à tuer les mécréants français". Malgré ses affirmations, réitérées, de ne se souvenir de rien, il se rapproche de détenus radicalisés en prison, et avoue à certains non sans fierté être l'auteur de l'attentat. Aucun complice ou commanditaire n'a pu être identifié, selon les documents consultés par l'AFP.
Le 29 octobre 2020 au matin, deux paroissiennes — Nadine Devillers, Simone Barreto Silvaet — et un sacristain — Vincent Loquès, père de deux enfants — ont été mortellement frappés au couteau par Brahim Aouissaoui, d'origine tunisienne, âgé de 21 ans au moment des faits. Ce triple assassinat intervenait seulement quelques jours après la décapitation de l'enseignant Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine.