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Place Saint Sulpice. Quelques minutes avant le début de la célébration, Dominique Barbe et son fils Guillaume attendent sur le parvis. Toute la famille n’est pas encore arrivée. Ils sont une dizaine à se retrouver afin d’assister à la béatification de leur arrière-grand-oncle, Armand-Pierre Radigue, qui prendra le prénom de son frère Ladislas, qu’il aimait beaucoup, en entrant dans la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, appelée plus couramment les Picpuciens (du nom de la rue de la maison mère, rue Picpus dans le 12e arrondissement de Paris).
"C’était le grand-oncle de ma grand-mère", confie à Aleteia Dominique, 65 ans, médecin dans les environs de Redon, en Bretagne. "On ne pouvait pas ne pas faire le déplacement ! En tant que catholiques, nous sommes habitués à vénérer les saints, mais quand il s’agit de quelqu’un de sa famille, l’exemple est d’autant plus marquant. Sa béatification est une belle reconnaissance du don qu’il a fait de sa personne. Il a assumé sa mission jusqu’au bout". En effet, alors que les événements de la Commune débutaient, le père Radigue a fait éloigner de la capitale les religieux de sa maison, mais lui y resta avec quelques autres responsables de la communauté.
Pour Guillaume, 30 ans, ingénieur dans une entreprise de logistique automobile, la béatification de ce samedi 22 avril ne se limite pas à celle des cinq prêtres martyrs de la Commune. Elle est aussi, indirectement, une reconnaissance du martyre de tous ces autres prêtres fusillés dans la rue Haxo ce 26 mai 1871. "Ce qui me touche aussi, c'est que cela s’est passé à deux pas d’ici et il n’y a pas si longtemps".
Un petit neveu prêtre
Mais le père Ladislas Radigue n’était pas le seul prêtre de la famille. Le père Gilles Barbe, jésuite, nous rejoint sur le parvis de Saint Sulpice. C’est le petit frère de Dominique. Il habite à Bruxelles et est impliqué dans la pastorale des collégiens. La béatification de cet arrière-grand-oncle l’interpelle profondément. "Avant qu’on ne parle du père Ladislas, notre famille ne mesurait pas comment notre foi s’ancrait dans le passé, ni comment nourrir notre foi de manière collective", constate-t-il. "Assister à la béatification de cet ancêtre, c’est pour moi une interpellation plus proche, plus prégnante, qui invite à s’interroger : qu’est-ce qu’une vie sainte ? Alors que le ciel s’obscurcissait autour de lui, il a trouvé une lumière intérieure, il a discerné ce qui était juste, il a trouvé un motif de joie et d’espérance, cela me parle beaucoup aujourd’hui".