Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
En ce dimanche 16 avril après-midi, l’église moderne et lumineuse Sainte-Bernadette de Chaville, dans les Hauts-de-Seine, est pleine. Les fidèles de l’Église uniate d’Ukraine présents en France se retrouvent pour célébrer à leur tour Pâques. Toutes les générations sont réunies, paroissiens, hommes et femmes concernés ou touchés par ce qui se passe en Ukraine. Au total, près de 300 personnes sont là pour écouter une chorale très spéciale, Achoriny, installée sur les marches de l’autel, au pied d’un crucifix et d’une peinture contemporaine du Christ ressuscité. Ils sont plus d’une trentaine de choristes, de tous les âges, membres de la diaspora ukrainienne ou Français aimant l’Ukraine, dirigés par Vasyl Borys, chef de chœur venu d’Ukraine.
De jeunes femmes réfugiées musiciennes ont intégré le chœur pendant la guerre : désormais elles accompagnent le répertoire de leur piano, violon, clarinette et bandoura, instrument à cordes traditionnel ukrainien. Tous les chants sont en Ukrainien ; les non-ukrainophones du chœur les ont appris phonétiquement. Après quatre compositions liturgiques ukrainiennes pour Pâques, l’église s’emplit d’airs ukrainiens traditionnels, patriotiques ou religieux, joyeux ou mélancoliques. Un accordéon accompagne leurs voix. La puissance symbolique de cette musique, alors que le conflit sur le sol ukrainien dure depuis le déclenchement de la guerre par la Russie en Ukraine en février 2022, émeut l’assemblée, qui ponctue les chants d’applaudissements nourris. Des enfants dansent au fond de l’église au rythme de la musique. De nombreuses mélodies font sentir la tristesse de l’âme ukrainienne face à tant de souffrances, récurrentes dans l’histoire du pays, d’autres sont si entraînantes que le public scande la cadence, même si, par pudeur, les airs légers sont moins nombreux en cette période de guerre.
Le père Cédric de la Serre, curé de la paroisse sensible au sort des civils souffrant de la guerre, s’est réjoui d’accueillir l’événement avec sa paroisse, dont l’organisation doit beaucoup à deux paroissiennes très impliquées, Maeva Lemoine et la franco-ukrainienne Ulyana Kmetko. Car le concert, à l’entrée libre, est l’occasion d’une collecte de fonds pour acheter des médicaments et du matériel médical pour les victimes civiles du conflit qui seront livrés aux hôpitaux proches du front.
Le concert s’est conclu par deux hymnes. L’hymne national ukrainien officiel, composé en 1863 par un prêtre gréco-catholique ukrainien, a résonné dans l’édifice avec toute l’assemblée debout. Mais juste avant, le chœur a chanté un chant particulier, considéré comme l’hymne spirituel ukrainien, sans équivalent ailleurs. La présentatrice le désigne comme l’hymne chrétien de l’Ukraine : "Dieu grand et unique, protège l’Ukraine". En voici la traduction inédite :
Seigneur, ô le Très-haut et le Tout puissant
Protège notre Ukraine bien aimée,
Accorde-lui la liberté et la lumière de Tes saints Rayons
Éclaire-nous avec l’apprentissage et la connaissance,
Nous, tes petits enfants,
Dans un amour pur et éternel,
Fais-nous, ô Seigneur, grandir.
Nous prions, ô Seigneur Tout puissant,
Protège notre Ukraine bien aimée,
Accorde à notre peuple et notre pays,
Toute Ta bonté et Ta grâce.
Bénis-nous avec la liberté, bénis-nous avec la sagesse,
Guide-nous dans Ton monde de bonté
Comble-nous, ô Seigneur, avec ton bonheur,
Pour toujours et dans les siècles des siècles.
Alors que le conflit en Ukraine occupe toutes les chaînes, quelle est la signification de cet accueil par l’Église catholique durant l’octave pascale ? "Nous voulions accompagner ceux qui souffrent mais dépasser la logique politique ou partisane", répond le curé de Sainte-Bernadette. "Et nous nous sommes dit que ce dimanche pascal était le moment le plus pertinent, car il offrait l’espérance de la Résurrection." Ainsi, pour sa paroisse, l’humanitaire se sublime d’un message spirituel : "On lie un acte de charité vis-à-vis des victimes, à travers l’objectif de collecter des médicaments pour les civils, à un acte de foi en vivant l’événement en ce temps de Pâques : la mort, la guerre, n’aura pas le dernier mot".