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Comme prévu, le pape François a pu présider la célébration de la Passion du Christ dans la basilique Saint-Pierre. Quelques instants avant l’office, le Bureau de presse du Saint-Siège avait annoncé que le pape ne se rendrait pas au Colisée dans la soirée pour présider le traditionnel Chemin de Croix en raison du froid. Une semaine après son hospitalisation en raison d’une bronchite, le pape François a donc renoncé à gagner la colline du Palatin afin de ménager sa santé – il suivra le Chemin de Croix depuis sa résidence Sainte-Marthe du Vatican à partir de 21h15.
Dans la basilique Saint-Pierre, le pape François est arrivé peu avant 17h en fauteuil roulant. Ne pouvant s’allonger devant la Croix comme la liturgie le prévoit habituellement, il est resté quelques instants devant l’autel, en silence.
Puis il a été amené vers son siège. Durant la célébration qui a duré près de 2 heures, il s’est levé à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs debout qu’il a embrassé puis tenu un grand crucifix.
Une méditation sur la mort de Dieu
Après la lecture du long récit de la Passion du Christ, le prédicateur de la Maison pontificale a prononcé l’homélie, comme cela se fait traditionnellement. Le cardinal Raniero Cantalamessa est revenu dans sa méditation sur la fameuse citation du philosophe allemand Friedrich Nietzsche que l’on retrouve dans Le Gai Savoir (1882) : « Dieu est mort ».
Certes, les chrétiens confessent la mort du Christ le vendredi saint ; « mais c’est une autre mort de Dieu que l’on proclame depuis un siècle et demi dans notre monde occidental sécularisé », a déploré le religieux capucin, parlant d’une mort « idéologique et non historique » de Dieu.
Citant un autre ouvrage du philosophe, Par-delà le bien et le mal, le prédicateur a assuré qu’« au-delà du bien et du mal, il n’y a que la ‘volonté de puissance’ », un des concepts phares de Friedrich Nietzsche. Et le religieux de regretter devant le pape et les fidèles rassemblés : « Nous savons à quoi elle mène… ».
Pour le cardinal, cette pensée a plongé « l’Occident ‘post-moderne’ » dans le « relativisme total dans tous les domaines : éthique, langage, philosophie, art et, bien sûr, religion ». Désormais : « rien n’est plus solide; tout est liquide, voire vaporeux ».
Il a fait remarquer que la proclamation du philosophe allemand avait des racines profondes. « Le drame humain a eu, lui aussi, son ‘prologue au ciel’, dans cet ‘esprit de négation’ qui n’a pas accepté d’exister dans la grâce d’un autre », a-t-il expliqué, faisant allusion à la rébellion de Satan contre Dieu que rapportent les Écritures et la tradition de l’Église.
« Pourquoi parler de tout ça dans une liturgie du Vendredi saint ? », s’est enfin interrogé le capucin de 88 ans. « Pas pour convaincre les athées que Dieu n’est pas mort ! », s’est-il défendu, avant de donner sa réponse. « Il s’agit d’empêcher les croyants […] de se laisser entraîner dans ce tourbillon de nihilisme qui est le véritable ‘trou noir’ de l’univers spirituel ».
Il a conclu son homélie en reprenant, les yeux fermés, l’antienne que les catholiques proclament chaque dimanche à la messe : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ».