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Quatre ans de prison ferme : c'est la peine dont écope Emmanuel Abayisenga qui avait incendié volontairement la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020. Le 29 mars 2023, l'homme de 42 ans a été jugé par le tribunal correctionnel de la ville et reconnu coupable de dégradation et destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux. Il a comparu détenu, puisqu'il est par ailleurs mis en examen pour l'assassinat du père Olivier Maire en août 2021, qui l'hébergeait chez lui en Vendée, et pour lequel il sera jugé fin 2024.
Le tribunal a retenu une altération du discernement au moment des faits et assorti la condamnation d'une interdiction de séjour dans le département de Loire-Atlantique pendant cinq ans. Le parquet avait requis une peine d'emprisonnement de huit ans, ou de six ans si l'altération du discernement était retenue. Son avocate, Maître Meriem Abkoui, qui avait plaidé l'abolition du discernement au moment de l'incendie, estime toutefois que "la question de sa responsabilité pénale demeure". Les trois foyers d’incendie allumés par Emmanuel Abayisenga dans la cathédrale ont entièrement détruit le grand orgue datant de 1619, le clavier de l’orgue de chœur et un tableau de 1836 de Flandrin représentant Saint-Clair guérissant les aveugles. Un préjudice évalué à environ 40 millions d'euros. Le diocèse de Nantes s'était constitué partie civile au dossier.
Le difficile délibéré
Emmanuel Abayisenga est un ressortissant rwandais se revendiquant catholique. Il était bénévole au sein de la cathédrale depuis 2016 et visé par une obligation de quitter le territoire français au moment des faits. Son histoire personnelle complexe et son discours parfois incohérent voire mensonger ont rendu difficile la délibération. Sur son parcours de vie au Rwanda, il a décrit une enfance "sans problèmes", entouré de ses parents et de 11 frères et sœurs. Il a précisé que son père n’avait pas été assassiné sous ses yeux en 1996, comme l’indiquait son dossier de demande d’asile et ses précédentes déclarations, mais serait décédé de "maladie". Selon lui, "les passeurs ont monté un dossier pour me faire avoir des papiers."
"C’est bien une vaste colère et un sentiment de vengeance lié à sa situation administrative qui est à l’origine de cette mise à feu consciente et méthodique", a argumenté la procureure Véronique Wester-Ouisse, faisant référence à une nouvelle obligation de quitter le territoire délivrée en novembre 2019. Par ailleurs, le souvenir d'une violente agression vécue alors qu'il travaillait dans la cathédrale en 2018 serait en grande partie à l'origine d'une "perte de contrôle" de sa part. Une sorte de choc post-traumatique, d'après les psychiatres auditionnés. Selon Emmanuel Abayisenga, il était à la cathédrale lorsque cette scène lui est revenue brutalement à l'esprit, au moment de passer à côté du lieu de l'agression. "J'ai saisi tout ce qui était sur mon chemin […] J'ai perdu le contrôle", a-t-il expliqué aux juges, avant d'ajouter "J'étais perdu, j'avais perdu la raison", tout en précisant à la procureure de la République : "Je n'ai jamais été fou et je ne suis pas fou."
Il a été interné en unité spécialisée à plusieurs reprises. Affaibli physiquement, Emmanuel Abayisenga souffre de multiples problèmes de santé, parmi lesquels des troubles de l'audition, d'incontinence, ou encore des troubles du comportement alimentaire.