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Ce qu’est le christianisme. Il ne faut pas se méprendre sur le titre du dernier ouvrage de Benoît XVI. Il ne s’agit pas d’une présentation organique de la doctrine chrétienne, comme par exemple dans son maître-livre de 1969, La Foi chrétienne hier et aujourd’hui. Il s’agit bien plutôt d’un de ces recueils d’articles dont Joseph Ratzinger a été coutumier et qui forment, avec des livres d’entretiens, la majeure partie de son œuvre.
Pensons à Dogme et Annonce en théologie fondamentale (2012), à Un chant nouveau pour le Seigneur en liturgie (2002) ou à La Mort et l’Au-delà en dogmatique (1994). Ce qu’est le christianisme se range dans cette catégorie, mais il a la particularité de présenter des textes qui ont été rédigés — et publiés déjà pour la plupart dans des revues — après sa renonciation de 2013.
"J’ai lentement repris mon travail théologique"
Benoît XVI s’en explique dans la préface : "Après l’élection du pape François, j’ai lentement repris mon travail théologique. Ainsi, au fil des ans, une série de petites et moyennes contributions a vu le jour ; elles sont présentées dans ce volume." Volume dont Elio Guerriero, connu comme éditeur de la version italienne de la revue Communio et auteur d’une biographie du théologien Hans Urs von Balthasar, avait suggéré l’idée au pape émérite comme il le rappelle dans l’avant-propos : "Pourquoi ne pas compiler et publier tous les textes écrits dans les années qui ont suivi votre démission ?" Idée acceptée par le Pape, qui se mit dès lors au travail, prolongeant ainsi, sur un mode éclectique, le labeur de Jésus de Nazareth.
Mais en voici assez pour la genèse de ce livre. Ouvrons-le et feuilletons-le. Les textes rassemblés par Benoît XVI sont classés en six chapitres. On y retrouve toute la variété des thèmes abordés par Joseph Ratzinger, tant sur le fond que sur la forme. Quant à la forme, cela va de courts textes d’hommage liés à des commémorations jusqu’à des études pointues sur des sujets disputés, parues dans des revues théologiques.
Dialogue avec l’islam et relations judéo-chrétiennes
Quant au fond, on trouve des écrits qui portent sur la religion en général (1er chapitre), un thème souvent abordé par celui qui se spécialisa en théologie fondamentale, d’autres sur les éléments propres à la religion chrétienne (2e chapitre), en particulier sur la liturgie, et sur la musique dans le cadre de la liturgie, un thème cher à la pensée du pape émérite. "Monothéisme et tolérance" est une réponse argumentée à ceux qui présentent le monothéisme comme intolérant et le polythéisme au contraire comme tolérant.
Benoît XVI n’a pas de mal à renverser la proposition, surtout que le monothéisme chrétien, trinitaire, a pour fondement l’amour, en tant que communion des Personnes de la Trinité : il est de soi "inclusif" si j’ose dire. Relevons également un texte sur les bases du dialogue islamo-chrétien que Benoît XVI estime souvent erronées, la Bible, surtout chez les chrétiens, n’étant pas inspirée littéralement : il s’oppose ainsi au fondamentalisme, nécessaire chez les musulmans et souvent de mise chez les néo-protestants.
Le 3e chapitre est consacré aux relations entre juifs et chrétiens, avec une étude très fouillée sur la question de l’élection d’Israël et de son actualité dans l’ère néotestamentaire qui semble s’y être substituée. Benoît XVI y tient une ligne de crête qui a été — chose curieuse — mieux reçue dans les milieux juifs que dans ceux d’un certain christianisme allemand.
Le 4e chapitre traite de questions de théologie dogmatique, avec en particulier un article très profond et très incisif sur le sacerdoce catholique, à partir de Vatican II, qui met bien en lumière la différence fondamentale qui le sépare de la vision luthérienne du presbytérat. Une autre étude est consacrée au sens de la communion eucharistique, soulignant l’importance de la transsubstantiation et l’impossibilité de l’intercommunion voulue dans certains cercles œcuméniques.
Le style d’un théologien
Le chapitre 5 est consacré à des questions de morale et aborde la question sensible des abus. Il en retrace l’histoire au siècle dernier, la mettant en rapport avec l’affaiblissement qu’a connu la théologie morale à cette époque.
Une clarté et une fermeté dans l’exposition des thèses qui ne sont pas dénuées de cette exquise courtoisie qui l’a toujours caractérisé.
Enfin le chapitre 6 rassemble des textes de circonstance, en particulier pour le 50e anniversaire de la fondation de la Commission théologique internationale, dont il fit partie, et dont il retrace les interventions dans la vie récente de l’Église, au service du Magistère pontifical.
Ce dernier chapitre s’achève par une très belle méditation sur saint Joseph : Benoît XVI, prénommé Joseph, y redit toute sa gratitude pour celui qui fut, tout au long de sa vie, son patron céleste.
On retrouve, comme toujours dans les écrits de Joseph Ratzinger, une analyse poussée de l’Écriture sainte, sur laquelle il fonde ses analyses, une fidélité à la doctrine transmise par le Magistère et la Tradition, une clarté et une fermeté dans l’exposition des thèses qui ne sont pas dénuées de cette exquise courtoisie qui l’a toujours caractérisé. Bref un livre à lire, qui nous rappellera le style d’un théologien dont nous ne pouvons que regretter la disparition...
Pratique :