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Chez les Bellini, la peinture sacrée est une affaire de famille. Fils illégitime de Jacopo Bellini, peintre du courant gothique encore en vogue dans la Venise du XVe siècle, Giovanni, élevé dans le foyer paternel, se forme aux côtés de son grand frère Gentile au sein de l’atelier de Jacopo. En 1453, par le mariage de sa sœur Nicolosia, Giovanni devient le beau-frère d’Andrea Mantegna.
Imprégné des leçons de son père, influencé par la modernité de Mantegna et du sculpteur florentin Donatello, Giovanni Bellini trouve et affirme son propre style. Vers l'âge de 30 ans, il se spécialise dans la production de Vierge à l’Enfant, souvent pour des commanditaires privés, tandis que son frère Gentile se réserve les commandes publiques, notamment celles du Palais ducal. Si Giovanni a représenté des Vierges à l'Enfant sur de nombreux et majestueux retables dans des églises de Venise, Pesaro ou Rimini, ses Madones étaient généralement de plus petit format et destinées à être accrochées dans l’intimité d’une chambre à coucher, dans un contexte de dévotion privée. Des commandes qui ont sans nul doute contribué à rendre sa peinture plus intimiste et plus expressive.
Inspiration byzantine
En 1453, Constantinople tombe aux mains des Ottomans. Des milliers de réfugiés affluent à Venise, ancienne colonie de Byzance, apportant avec eux des manuscrits grecs, des icônes et des reliques. L’art byzantin, et plus particulièrement les Madones byzantines, marquent les Vierges à l’Enfant de Bellini. Il adopte les fonds d’or, les caractères grecs ou encore certains gestes codifiés de la peinture orientale.
Néanmoins, et c’est ce qui fait sa modernité, il délaisse les visages hiératiques des icônes venues d'Orient pour donner à la Vierge et à Jésus des visages humains, empreints de douceur et de tendresse.
Influence flamande
Le style de Bellini change de cap avec l’arrivée à Venise en 1475 d’Antonello de Messine, peintre sicilien très marqué par l’art flamand. Des panneaux de Jan van Eyck et de Hans Memling parviennent ainsi à la connaissance de Bellini. Fasciné par la peinture à l’huile, il emprunte cette technique à l’art du Nord et apporte une nouvelle inflexion esthétique à son œuvre. Elle lui permet de représenter des paysages à la fois réalistes et poétiques, et d’obtenir des transparences inédites dans les carnations et les drapés.
La linéarité de ses œuvres s’estompe au profit d’un coloris plus affirmé et d’une recherche d’atmosphère, mimétique de la lumière naturelle. Bellini imite également les portraits de Messine, dans lesquels les regards sont tournés vers le spectateur.
Paysages topographiques
Bellini a toujours eu un goût prononcé pour la représentation des paysages : les arrière-plans de ses Madones sont conçus comme autant d’espaces à parcourir mentalement et, au fil des années, prennent de plus en plus de place dans la composition du tableau. Cette prédilection se teinte de notations flamandes, tout en se référant aux panoramas majestueux de son beau-frère Mantegna.
Avec les années, les paysages de Bellini se font plus topographiques, notamment sous l’influence d’un artiste plus jeune, Cima da Conegliano, qui s’attache à rendre minutieusement les détails. Bellini fait sien ce nouveau crédo : la représentation méticuleuse des arrière-plans ne se limite plus à créer une vue décorative, mais fait désormais partie intégrante de son œuvre.
Découvrez, en images, l’évolution des Vierges à l’Enfant de Giovanni Bellini :
Pratique