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Le référendum de 2014 avait été une douche froide pour les indépendantistes écossais : 55% de la population avait voté pour un maintien dans le Royaume-Uni. Contestant ces résultats et prenant prétexte du Brexit, les indépendantistes, emmenés par Nicola Sturgeon depuis 2014, étaient repartis au combat. La rhétorique du nouveau Premier ministre était claire : puisque les Écossais avaient majoritairement voté contre le Brexit, il fallait quitter le Royaume-Uni pour rejoindre l’Union européenne.
Une curieuse conception de l’indépendance qui souhaite passer de la tutelle de Londres à celle de Bruxelles. Sociaux-démocrates et favorables à une intervention maximale de l’État-providence, les indépendantistes écossais ont réussi l’exploit d’avaler le Parti socialiste, pour imposer un duel avec le Parti conservateur. Toujours majoritaire, mais jamais vraiment vainqueur, le Scottish national party (SNP) tendance Sturgeon avait décidé de transformer les élections locales de 2026 en nouveau référendum de fait. De quoi faire infuser d’ici là l’idée d’indépendance.
L’échec transgenre
Mais Nicola Sturgeon, après huit ans à la tête de l’Écosse, a buté sur la question transgenre. Très progressiste, comme la plupart des partis régionalistes en Europe, le SNP avait soutenu une loi sur la "transition de genre", c'est-à-dire la possibilité de changer de sexe, dès 16 ans et sans certificat médical. Le bouchon progressiste étant cette fois-ci poussé trop loin, plusieurs membres éminents du SNP ont exprimé leur refus et le Premier ministre du Royaume mit son veto sur cette loi, au nom de la protection des personnes vulnérables.
Le tragique politique entra ensuite en collision avec le tragique social. Un homme reconnu coupable de deux viols annonça avoir réalisé "une transition de genre" devant le conduire à être incarcéré dans une prison de femmes et non une prison pour hommes. Tollé des féministes qui virent la possibilité pour cet homme, qui n’était pas vraiment une femme, d’être envoyé comme un loup dans la bergerie. Ce à quoi répliquèrent les mouvements transgenres qui virent dans cette opposition un reste de fond réactionnaire. Le scandale fut tel que le Premier ministre fut bloqué et contraint à la démission. Même si le motif diplomatique officiel est "un excès de travail" et de fatigue. C’est l’un des premiers cas en Europe où un gouvernement est renversé à cause d’une opposition à une loi sociétale.
Unis qu’ils étaient par l’indépendance de l’Écosse, les indépendantistes sont désormais profondément divisés sur cette question de rapport au genre. Or celle-ci a pris le pas sur la raison d’être du parti, à savoir obtenir l’indépendance de l’Écosse. Une division qui fait le bonheur de Londres, qui a bien d’autres soucis à gérer. Reste au SNP à se trouver un nouveau chef, qui sera de fait le nouveau Premier ministre. Et donc à trancher la ligne politique, entre ceux qui sont partisans de poursuivre la voie sociétale et ceux, jugés conservateurs, qui veulent en rester là.
Les affaires de Londres
D’autant que d’autres nuages s’accumulent sur l’Écosse. Avec 5,4 millions d’habitants, l’Écosse est deux fois moins peuplée que l’Île-de-France et beaucoup moins riche. Ce qui limite fortement la viabilité de l’indépendance. Son économie repose surtout sur la rente pétrolière, qui lui a permis de développer un juteux État-providence qui montre désormais ses limites, notamment à cause des coûts engendrés.
Fortement touchée par l’immigration musulmane, la terre des Scots est ainsi traversée de problèmes identitaires internes qui ne sont pas aisés à résoudre. Il y a quelques années, beaucoup de commentateurs annonçaient l’éclatement du Royaume-Uni, comme ils avaient annoncé l’indépendance de la Catalogne et celle des Flandres au début des années 2000. Rien de tout cela n’est arrivé. Les indépendantistes ont échoué partout, notamment parce que leur progressisme assumé et revendiqué entre de plus en plus en contradiction avec la pensée politique des peuples qu’ils sont censés représentés : Flowers of Scotland oui, homme transgenre non.