Plus de 15.000 hommes vont participer cette année à des pèlerinages sous le patronage de saint Joseph, fêté le 20 mars cette année, le 19 tombant un dimanche de carême. Organisées dans près de 70 lieux en France, des initiatives se multiplient et touchent des hommes en quête de moments fraternels et spirituels. Décryptage.
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Époux, pères de famille, grands-pères, mais aussi jeunes célibataires… Un peu partout en France, de plus en plus d’hommes se préparent à faire un pèlerinage sous le patronage de saint Joseph. Entre les pèlerinages à Cotignac, Vézelay, Montligeon, Mont Saint-Michel fin juin et début juillet et ceux qui ont lieu au mois de mars comme La Marche de Saint Joseph au Sacré-Cœur de Montmartre le 18 mars prochain, les organisateurs recensent plus de 15.000 hommes dans environ 70 lieux.
Épaule contre épaule
Un engouement visible dont on parle de plus en plus, et qui semble montrer un besoin palpable pour ces pèlerins-hommes de prendre du recul, prier, se ressourcer, trouver du réconfort et échanger avec d’autres sur des sujets propres à chacun. Mais aussi de confier leurs fragilités, leurs doutes et leurs peurs dans la prière et le partage fraternel. Rien de mieux que de se mettre, confient les participants, "épaule contre épaule" avec saint Joseph comme protecteur dans ce mouvement propice à l’intériorité.
À l’origine de ces pèlerinages d’hommes, l’histoire d’un couple, qui en 1976, alors que la grossesse de la femme est menacée, passe au sanctuaire de Cotignac confier sa préoccupation. L’homme promet de revenir si la naissance se passe bien pour rendre grâce. C’est le cas, et il y retourne en marchant, depuis Aix-en-Provence, accompagné d’un ami. Une expérience physique et spirituelle à la foi que le père de famille renouvellera les années suivantes avec un groupe d’amis.
Véritable lieu de fraternité
C’est une histoire semblable qui a motivé Pierre Vassent, diacre de 56 ans, père de cinq enfants, qui organise depuis 2018 la Marche de Saint Joseph à Compiègne (Oise) le 18 mars, la veille de la fête de saint Joseph. Tout a commencé en 2010, avec cette confidence d’un ami qui désirait avec son épouse avoir un troisième enfant. Comme ce dernier n’y arrivait pas, Pierre a proposé le pèlerinage des pères à Cotignac, en portant ensemble son intention de prière. En marchant vers le sanctuaire, Pierre s’est tout de suite senti "chez lui". Il décrit ce pèlerinage comme un "véritable lieu de fraternité, d’amitié et de profondeur de vue".
Le tout en grande communion avec saint Joseph. Quelques années plus tard, alors qu’il reprend chaque année le bâton de pèlerin à Cotignac, l’idée est née d’organiser la Marche de Saint Joseph en forêt de Compiègne. "À un moment, avec mes amis, nous nous sommes dits qu’il fallait l'organiser dans notre paroisse pour favoriser l’unité entre les paroissiens-hommes de tous âges", confie-t-il à Aleteia. Si la moyenne d’âge est de 50 ans, de plus en plus de jeunes mariés ou pères de famille se joignent au groupe qui compte chaque année une cinquantaine de participants.
"Avec la marche, les masques tombent"
Si de plus en plus d’hommes participent à ces pèlerinages, c’est parce qu’ils offrent la possibilité de se ressourcer et de partager les fardeaux de ceux qui arrivent épuisés et éprouvés par les tourments de la vie.
Lors d’une marche, les statuts de chacun disparaissent, les masques tombent, la confiance se crée, la parole qui se libère.
Une telle pause permet de se régénérer pour repartir plus fort, plus paisible, plus joyeux et plus confiant dans l’amour inconditionnel de Dieu. Elle rend aussi plus disponible à soi-même. Il faut le reconnaître : les occasions sont rares pour un père de famille de s’octroyer un temps centré sur l’intériorité, dans le marathon de la vie quotidienne, les préoccupations professionnelles et les engagements familiaux.
C’est de cette intuition qu'est née la grande Marche de Saint Joseph à Paris. Celle d’un besoin "de fraternité et de partage", selon Arnaud Bouthéon, 48 ans, membre des Chevaliers de Colomb et l’un des fondateurs du Congrès mission. Depuis une dizaine d’années, il constate un "cri des hommes de plus en plus fort". "Les hommes ont du mal à faire face à toutes les injonctions contradictoires demandées par la société. Pouvoir faire l’expérience de camaraderie et de partage sans être jugé est alors pour eux très important. Lors d’une marche, les statuts de chacun disparaissent, les masques tombent, la confiance se crée, la parole qui se libère", confie-t-il de son côté à Aleteia.
"Ici on prie, on pleure et on rigole", s’émerveille Bertrand de Kerangat, 46 ans, père de cinq enfants, militaire, fidèle pèlerin et co-organisateur depuis huit ans du chemin de Cotignac, qui pense rassembler entre 2.000 et 2.500 participants cette année. "On partage des choses dures parfois, et cela nous rend soudés les uns aux autres. D’ailleurs, l’année dernière, pour le dernier jour, nous avons aménagé un espace vide autour du sanctuaire. Il y avait un silence saisissant qui a rendu les pèlerins apaisés. Les visages de tous ces hommes étaient fatigués, mais paisibles, vraiment sereins. C’était très frappant", poursuit-il.
Un mouvement populaire
Cet engouement est le signe du retour à la foi d’enfance. Pour Arnaud Bouthéon, il s’agit d’un mouvement populaire, simple, venant des laïcs qui ne sont attachés ni à un lieu, ni à une communauté ni à une institution. Le seul patron reste donc saint Joseph. Valorisé depuis les premiers pèlerinages de Cotignac il y a 40 ans, c’est lui qui est le guide.
Nous sommes dans les temps de saint Joseph, un homme juste, c’est-à-dire ajusté à Dieu.
"Dans une société où la paternité souffre, où les hommes ont besoin plus que jamais de se retrouver entre eux pour se soutenir et se porter dans la prière, la dévotion à saint Joseph est essentielle. Je ne suis pas étonné de son succès. C’est le réveil d’un taiseux : d’un saint incarné, pragmatique et humble", reprend de son côté Pierre Vassent.
C’est ce que souligne également Stanislas Perronet, 52 ans, père de quatre enfants, l’un des responsables de la Marche de saint Joseph à Paris et du pèlerinage de Cotignac. "Nous sommes dans les temps de saint Joseph, un homme juste, c’est-à-dire ajusté à Dieu. Il est temps de reconnaître sa place dans nos vies", souligne-t-il de son côté. La preuve ? Le même mouvement de piété envers le père adoptif de Jésus commence à gagner d’autres pays : en Égypte, aux États-Unis, au Sénégal, en Pologne. D’ailleurs, le chapitre polonais va inaugurer sa première Marche de Saint Joseph à Paris ce 18 mars. Une belle fraternité qui s’annonce à l’horizon.