Les enfants comprennent tout
Il est vrai qu’un certain catéchisme simplificateur a préféré remplacer les enseignements sur la Trinité par des métaphores poétiques, les enseignements sur le péché originel et le salut (ce que signifie eschatologie) par des témoignages sur l’amour de Dieu dans notre vie, et un grand nombre d’adultes d'aujourd'hui peinerait à définir l’acte de foi, en dépit des heures passées à découper des assiettes en carton pour la fête de la foi de l'aumônerie quand ils étaient lycéens.
C’est l’histoire humaine qui est complexe, parce qu'elle est l’histoire d’une aventure hors norme : celle qui unit un Dieu infiniment grand à des humains tout petits.
Et pourtant, il est incroyable de voir comme ce qui fait peur aux adultes (avoir à expliquer des trucs compliqués) est si accessible aux enfants. Les petits enfants comprennent sans avoir besoin de le théoriser, qu’un seul Dieu est en trois personnes. Ils saisissent ce que veut dire un monde abîmé qui a besoin d'être réparé, ce que seul Dieu peut faire, et qu’il est venu faire en personne. Autrement dit, ils saisissent ce que "Trinité" signifie, ils comprennent ce que veut dire "péché originel" et "rédemption", il ne reste plus qu’à leur donner le mot.
Un enseignement insuffisant
Ce ne sont donc pas les mots qui sont compliqués. C’est l’histoire humaine qui est complexe, parce qu'elle est l’histoire d’une aventure hors norme : celle qui unit un Dieu infiniment grand à des humains tout petits. C’est un mystère qui nous dépasse, et parce qu'aucun esprit humain n’aurait jamais pu concevoir quelque chose d’aussi fou (et c’est bien ce que rappelle saint Paul), Dieu s’est révélé lui-même. Donc si la foi chrétienne nous paraît compliquée, c’est qu’elle est insuffisamment enseignée : sans les mots précis, les idées s’embrouillent. Mais si elle nous paraît complexe, c’est à juste titre : nous n’aurons jamais fait le tour du mystère de l’amour de Dieu pour l’humanité. Un mystère, ce n’est pas une réalité qu’on ne peut pas comprendre. Si c’était le cas, il faudrait renoncer à enseigner la foi. Un mystère, c’est ce que nous n’aurons jamais fini de comprendre : derrière ce que nous pensions avoir saisi de Dieu se révèle encore et encore de la nouveauté, comme une lumière qui n’en finit pas d’ouvrir de nouveaux champs gagnés sur l’obscurité.
Alors continuons à creuser le contenu de notre foi, ses mystères, son vocabulaire théologique grâce auxquels notre évangélisation est nourrissante et cohérente : Dieu n’est pas une idée, une théorie résumable en trois point, c’est Quelqu’un. S’approcher de lui de tout l’élan de notre cœur et de notre intelligence, c’est l’histoire de notre vie.