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Chemin-Vert, Val-de-Bois… Ces cités idéales d’inspiration chrétienne

CITE-JARDIN-CHEMIN-VERT-REIMS

La cité-jardin du Chemin Vert, à Reims, inscrit au Patrimoine mondial des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne.

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Fabrice de Chanceuil - publié le 26/02/23
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Les rêves de cités idéales ont trouvé leurs architectes dans des projets où Dieu n’avait pas sa place, mais aussi dans des réalisations d’inspiration chrétienne. Parmi elles, les cité-jardins de Reims ou la Colonie Güell près de Barcelone.

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Si l'architecture a pour but de livrer des bâtiments plus ou moins pratiques et plus ou moins esthétiques, elle est aussi, selon la loi française, une expression de la culture. Mais elle peut aller encore plus loin lorsqu'elle répond à une commande dictée par une vision supérieure. Ainsi en est-il des cités idéales visant à réunir réussite économique, préoccupation sociale et activités culturelles inspirées par l'idéologie mais également par la foi. On connaît, en particulier, les réalisations consécutives aux théories du socialisme utopiste. Son fondateur, le Britannique Robert Owen (1771-1858), entrepreneur du textile, avait ainsi envisagé l'édification, en 1825, d'une communauté modèle aux États-Unis appelée New Harmony mais qui échoua au bout de quatre ans sans qu'il n'en reste de trace aujourd'hui.

De son côté, le Français Charles Fourier (1772-1837) eut l'idée du phalanstère, ensemble de bâtiments mêlant industrie et agriculture ainsi que des habitations, le tout dans un décor champêtre. Lui-même ne dépassera pas le stade de l'idée mais des émules tenteront de concrétiser son projet. La première réalisation fut celle, en 1832, de la Colonie sociétaire de Condé-sur-Vesgre (Yvelines) qui, au fil du temps, a perdu sa vocation industrielle mais reste aujourd'hui un lieu de vie pour une quinzaine de familles héritières des premiers sociétaires.

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Le bâtiment principal de La Colonie fouriériste de Condé-sur-Vesgre (Yvelines).

Pour autant, la plus connue reste le Familistère de Guise (Aisne), créé à partir de 1858 par l'industriel Jean-Baptiste André Godin (1817-1888).

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La cour intérieure du pavillon central du Palais social.

Là encore, les installations de production ont quitté les lieux (l'entreprise existant toujours avec de nouveaux statuts relevant de l'économie capitaliste) mais les constructions ont subsisté jusqu'à nos jours, en particulier l'impressionnant Palais social avec ses longues galeries et sa vaste verrière, de même que les écoles et le théâtre. L'ensemble a été réhabilité depuis les années 1990 grâce au projet Utopia financé par l'Union européenne et les pouvoirs publics locaux.

Des projets chrétiens

Tous les initiateurs de ces réalisations avaient en commun le fait d'être plus ou moins anticléricaux. Mais d'autres projets ont également vu le jour de la part de chefs d'entreprises qualifiés aujourd'hui de paternalistes et inspirés par les enseignements du catholicisme social. C'est le cas de Léon Harmel (1829-1915), lui aussi entrepreneur du textile, proche du pape Léon XIII, qui, à l'occasion de la reconstruction de sa filature de Val-des-Bois à Warmeriville (Marne), intégra, à côté de l'usine, une cité ouvrière qualifié d'oasis par son concepteur réunissant logements mais aussi équipements culturels et sociaux.

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La cité Jeanne d'Arc, à Val-des-Bois, dans la Marne.

Cette action va inspirer le patronat chrétien, en particulier l'industriel Georges Charbonneaux (1865-1933) qui va créer, à Reims, le Foyer rémois, chargé de construire des logements pour les familles nombreuses et ouvrières. C'est lui qui rapporte de Grande-Bretagne l'idée des cités-jardins et en établit une, en 1923, dans le quartier du Chemin Vert à Reims avec, en son centre, l'église Saint-Nicaise décoré par René Lalique.

Mais l'exemple le plus emblématique de ce mouvement en Europe reste la Colonie Güell fondée en 1890 par l'entrepreneur Eusebi Güell (1846-1918) à Santa Coloma de Cervello à côté de Barcelone en Espagne. C'est là qu'il a décidé de transférer son usine textile et d'y implanter tout un ensemble de constructions à caractère social et culturel confiées à des architectes appartenant au courant du modernisme, équivalent catalan de l'Art nouveau en France. 

La foi s'écrit aussi dans la pierre

Parmi eux figure le célèbre Antoni Gaudi (1852-1926), le bâtisseur de la Sagrada Familia à Barcelone, à qui échoit naturellement l'édification de l'église de la colonie.

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Colonie Guëll.

La construction débutera en 1908 mais le projet ambitieux à deux nefs superposées ne sera jamais achevé sans que la raison en soit clairement établie. Reste néanmoins ce qui est appelé aujourd'hui la crypte correspondant à la nef inférieure avec ses colonnes originales et ses murs inclinés en basalte ainsi que sa décoration composée de trencadís, mosaïques faites d'éclats de céramique aux couleurs chatoyantes. On le sait depuis les cathédrales du Moyen-Âge, la foi s'écrit aussi dans la pierre.

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