En ce début du Carême, marqué par le Mercredi des Cendres, les prêtres troquent leurs vêtements liturgiques verts contre du violet. Une couleur qui se compose du mélange des couleurs rouge et bleu. Dans l’iconographie de l’Église orientale, le rouge manifeste l’humanité du Christ et le bleu sa divinité. Le violet est réservé au temps de l’Avent, qui prépare l’Église à l’Incarnation de Dieu, mais aussi au temps du Carême, qui invite à préparer l’humanité à entrer dans le passage de Pâques. Cette couleur, symbolisant le pardon, l’attente et la pénitence, est aussi utilisée dans l’Église catholique pour le sacrement de réconciliation. Elle remplace le noir (symbole de la mort par opposition au blanc, de la captivité et des ténèbres), employé autrefois pour les offices et les messes des défunts. Dans son ouvrage La Sainte Messe, Notes sur sa Liturgie, Abbaye de Maredsous, Dom Eugène Vandeur (1875-1967), moine bénédictin, écrit au sujet de la signification du violet dans l’histoire de l’antiquité et de l’Église :
"Le violet, dont les reflets chatoyants et sombres saturent les yeux, était regardé dans l’Antiquité comme la couleur, significative de la royauté, de la puissance, des hautes dignités, de la richesse. L’Église a transposé plutôt que renversé ce symbolisme, en l’appliquant à la pénitence, à la prière, dans l’affliction, à l’humiliation ; n’est-ce pas là en effet ce qui nous enrichit et nous élève ?".
Comme le note Michel Pastoureau dans L’Église et la couleur, des origines à la Réforme, "toutes les couleurs, qu’elles soient permanentes ou circonstancielles, qu’elles soient sur verre ou sur étoffe, sur pierre ou sur parchemin, se parlent et se répondent à l’intérieur de l’édifice". Il en ressort donc qu’en liturgie ce n’est pas une couleur figée qui est réclamée car toute couleur s’adresse toujours à une autre. Ainsi, le violet s’atténue en rose le troisième dimanche d’Avent et le quatrième dimanche de Carême, en signe de lumière de l’espérance éclaircissant les ténèbres de nos péchés.