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Séisme en Turquie et Syrie : comment s’organisent les ONG chrétiennes sur place ?

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Cécile Séveirac - publié le 15/02/23
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Alors que le bilan du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février s'élève désormais à plus de 40.000 morts, les ONG et associations chrétiennes se mobilisent pour venir en aide aux populations touchées, via diverses actions humanitaires.

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Au moins 40.000 morts, c’est le dernier bilan fourni par les autorités syrienne et turque après le séisme qui a ravagé les deux pays le 6 février 2023. Les Nations unies ont lancé dans la foulée un appel aux dons pour répondre aux "besoins immenses" des millions de personnes privées d'abris, de nourriture et de soins après le séisme. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a notamment exhorté tous les États membres à fournir "sans délai" près de 400 millions de dollars pour garantir "une aide humanitaire dont près de cinq millions de Syriens ont désespérément besoin", à commencer par "des abris, des soins médicaux, de la nourriture" pour trois mois. Il a précisé qu'un appel similaire devrait avoir lieu en faveur de la Turquie, pays dont la ville de Gaziantep est l’épicentre du séisme. À Antioche, ville entièrement détruite, l'aide humanitaire peine à s’acheminer, rendant la situation particulièrement préoccupante.

Les ONG chrétiennes se sont quant à elles mobilisées dès le premier jour pour fournir une aide d’urgence aux rescapés. Aide à l’Église en détresse (AED), Œuvre d’Orient, Medair, SOS Chrétiens d’Orient… Plusieurs d'entre elles ont déjà déclenché des fonds d’urgence. La priorité, pour chacune, est la prise en charge des populations victimes du séisme dont la plupart sont désormais sans domicile après l’effondrement de leurs immeubles d’habitation. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 26 millions de personnes pourraient être touchées, dont 15 millions en Turquie et 11 millions en Syrie. À ce jour, toutes concentrent leurs efforts sur la Syrie, pays sous sanctions économiques après la guerre de 2011 dont l’application empêche la mise en place d’une aide internationale. 

L'aide en Syrie portée bout de bras par les ONG

Avec l’aide des communautés chrétiennes présentes dont les églises, couvents et salles paroissiales se transforment en centres d’accueil d’appoint, l’AED fournitf plusieurs denrées essentielles. Lait infantile, denrées alimentaires et couches sont distribués dans l’église du Sacré-Cœur de Jésus à Lattaquié, ainsi que des ouvertures. À Alep, 2.000 personnes réfugiées dans l’école des pères mekhitaristes arméniens reçoivent un approvisionnement en eau, en chauffage et en matériel d’hygiène. L’association fournit également des médicaments pour 1.000 personnes dont l’état de santé nécessite des soins urgents et qui ne peuvent se fournir elles-mêmes au vu de l’augmentation des prix. Pour l’AED, "le projet le plus important consiste à aider les Syriens à retourner chez eux le plus rapidement possible." À cet effet, "les neuf Églises chrétiennes présentes à Alep ont rassemblé une équipe d’ingénieurs pour évaluer les dommages subis sur les maisons des familles chrétiennes, ainsi que le coût approximatif de chacune d’entre elles" , explique Xavier Bisits, responsable des projets Syrie et Liban de l’AED présent à Alep.

Un convoi exceptionnel de l’Œuvre d’Orient est parti immédiatement après le séisme de Beyrouth, avec plus de 5.000 couvertures, distribuées à l’ensemble de la population alépine pendant la nuit. Implantée de manière permanente à Alep depuis 2013, l’association SOS Chrétiens d’Orient a fourni dès le premier jour plus d’une tonne de nourriture dans les centres d’accueil. En plus de l’achat de vêtements chauds, de médicaments et de produits d’hygiène élémentaire, l’ONG veut garantir l’installation de réservoirs d’eau potable dans les centres d’accueil. L’eau est en effet un des enjeux majeurs de survie pour les populations rescapées de Syrie.

C’est une aide immédiate, de court terme, qui redonne aux victimes une forme de dignité et de liberté.

L’organisation Medair fait elle aussi de l’accès à l’eau potable une de ses priorités : après le tremblement de terre, les réservoirs ont été détruits. Elle travaille donc à trouver des solutions avec le gouvernement syrien pour faire parvenir de l’eau potable jusqu’aux zones sinistrées le plus rapidement possible. Medair prévoit également dans les semaines à venir la mise en place d’un système de transferts monétaires à usages multiples. "Ce n’est pas encore fait mais nous y travaillons avec le secteur bancaire et financier du pays", explique à Aleteia Reija-Liisa Schmidt, directrice de l’ONG à Damas. L’objectif d’un tel dispositif est de permettre une certaine flexibilité aux personnes récipiendaires : "C’est une aide immédiate, de court terme, qui redonne aux victimes une forme de dignité et de liberté puisque ce sont elles qui choisissent la manière dont elles veulent dépenser cet argent, selon leurs besoins", poursuit Reija-Liisa. L’objectif serait de parvenir à un système d’envoi de SMS dans lequel la personne est informée du montant qui est à sa disposition (évalué selon un certain nombre de critères comme son âge, son état de vulnérabilité, le nombre d’enfants…) et qu’elle pourra ensuite retirer en liquide.

L’Ordre de Malte France a lui aussi concentré son action sur la Syrie et la région d’Alep. Une première aide d’urgence a été déclenchée afin de fournir des kits d’hygiène à 3.000 familles de 4 personnes, en partenariat avec les Maristes bleus et d’autres congrégations religieuses comme les franciscains et les salésiens. À terme, le but est de permettre l’acheminement, dans la durée, d’une aide alimentaire et pharmaceutique entre Beyrouth et Alep.  

Le Vatican au chevet des populations turque et syrienne

Le pape François a fait acheminer par le dicastère pour le service de la charité une aide concrète aux rescapés du séisme. Mercredi 15 février au petit matin, un navire a quitté le port de Naples pour la ville d’Iskenderun en Turquie. À bord se trouvent 10.000 T-shirts thermiques destinés au camp de Kilis, situé à la frontière turco-syrienne. La distribution sera assurée par les volontaires de la Fondation Rava aux 60.000 réfugiés concernés. 

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