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Les révélations concernant les abus et violences sexuelles commises par Jean Vanier, le fondateur de L’Arche, avaient provoqué une véritable onde de choc – et d’horreur – dans le milieu catholique, associatif et au-delà. Faites en février 2020, moins d’un an après sa mort, elles sont à nouveau au cœur de l’actualité. Les membres de la commission d’étude – mise en place en novembre 2020 par L’Arche Internationale – ont rendu public leur rapport ce lundi 30 janvier 2023.
C’est à la suite de l’enquête de 2020 mettant gravement en cause son fondateur que L’Arche a décidé de mettre en place une commission afin de mieux comprendre la trajectoire de Jean Vanier, l’histoire de fondation de L’Arche et les dynamiques institutionnelles à l’œuvre au sein de l’organisation. Ce document de plus de 900 pages confirme notamment ce que L’Arche avait rendu public en février 2020, en particulier l’adhésion de Jean Vanier aux doctrines de son père spirituel, le père Thomas Philippe, et aux pratiques abusives qui s’y rapportent.
Nous condamnons à nouveau, sans réserve, les agissements de notre fondateur et de Thomas Philippe.
"Nous sommes consternés [par le récit que détaille le rapport et la façon dont Jean Vanier y a été intimement mêlé] et nous condamnons à nouveau, sans réserve, les agissements de notre fondateur et de Thomas Philippe qui sont en totale contradiction avec les règles élémentaires de respect et d’intégrité des personnes, et contraires aux principes fondamentaux de nos communautés", ont écrit Stephan Posner et Stacy Cates Carney, responsables de L’Arche Internationale, dans une lettre adressée aux membres de L’Arche
25 femmes majeures, célibataires, mariées ou consacrées, non handicapées, ont ainsi été identifiées pour avoir vécu, à un moment de leur relation avec Jean Vanier, une situation impliquant un acte sexuel ou un geste intime entre 1952 et 2019. Certaines se sont présentées comme victimes d’une relation abusive, d’autres plutôt comme des partenaires consentantes d’une relation transgressive. Plusieurs de ces femmes sont aujourd’hui décédées. "Dans leur diversité, ces relations, parfois concomitantes, s’inscrivent toutes dans un continuum de confusion, d’emprise et d’abus", a réagi L’Arche en France après la publication du rapport.
Un noyau sectaire autour du père Thomas et de Jean Vanier
L’adhésion de Jean Vanier aux doctrines de Thomas Philippe et aux pratiques qui s’y rapportent est par ailleurs largement documentée dans la partie historique du rapport. "En outre, il détaille les circonstances de la fondation de L’Arche en 1964 et pointe l’existence d’un noyau sectaire constitué autour du père Thomas et de Jean Vanier", souligne également L’Arche en France. La Commission souligne cependant que "l’arrivée dès l’origine de personnes d’horizons très divers, totalement étrangères à ce noyau sectaire, et l’insertion de L’Arche à l’intérieur des dispositifs médico-sociaux, ont orienté son développement dans une dynamique incompatible avec le déploiement de ces dérives sectaires."
Un autre ouvrage intitulé Les dominicains face au scandale des frères Philippe de 700 pages vient également d'être publié ce lundi 30 janvier aux Éditions du Cerf L’Affaire. Confiée par le provincial de France à l’historien Tangi Cavalin il y a trois ans, l'enquête revient plus spécifiquement sur le système d’emprise conçu par les deux frères Philippe (le dominicain Thomas Philippe père spirituel de Jean Vanier et le père Marie-Dominique Philippe, fondateur des frères de Saint-Jean) ainsi que sur la responsabilité des dominicains dans le traitement de ces dérives.