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L’Évangile des béatitudes inaugure la vie publique et l’enseignement de Jésus. Cela commence, non pas sur une montagne, mais sur LA montagne ; et la montagne de Jésus rappelle celle de Moïse, le mont Sinaï où celui-ci reçut les tables de la Torah, comme Jésus transmet ici la nouvelle loi, celle de la miséricorde. Que se passe-t-il ? Jésus voit les foules. Son regard s’arrête sur elles. Les foules le suivent comme un troupeau son berger. Jésus en les voyant est touché. Comme il sera souvent dit plus tard, il est pris de compassion envers elles. Jésus est sorti pour elles. Jésus est là, les foules aussi, et entre Jésus et les foules, les disciples se font tout proches de Lui.
Le regard de Jésus
Nous-mêmes ne sommes pas dissemblables de ces foules et des disciples sur la montagne. Pour nous qui croyons, nous le savons : Jésus est là, parmi nous, comme "quand deux ou trois sont réunis en son nom" (Mt 18, 20). Son regard se pose compatissant sur notre assemblée, comme autrefois sur les foules. Par ses disciples, ceux qui mettent leurs pas dans les siens en annonçant sa Parole, il nous enseigne à notre tour.
Le bonheur que propose Jésus avec les béatitudes se démarque des conceptions ordinaires que s’en font les hommes.
"Tous les hommes cherchent le bonheur, même ceux qui vont se pendre", disait Pascal. La plupart le recherchent dans la consommation, l’accumulation de biens. D’autres, dans le pouvoir et l’influence exercés sur leurs congénères. Quelques-uns encore désirent l’obtenir par l’accroissement de leur savoir et de leurs connaissances. L’engouement de nos contemporains pour le développement personnel et la zen attitude balise pour eux le bonheur auquel ils aspirent. Qui possède veut posséder plus. Qui consomme, consommer davantage. Qui domine, dominer plus. Celui qui sait, veut savoir toujours plus. Et en définitive, "les hommes meurent et ils ne sont pas heureux" (Camus).
Habiter le royaume des Cieux
Le bonheur que propose Jésus avec les béatitudes se démarque des conceptions ordinaires que s’en font les hommes. Car pour l’Évangile, le bonheur n’est pas un programme ; c’est suivre une personne, suivre Jésus. Vivre heureux selon Jésus, c’est habiter le royaume des Cieux. Cela est dit deux fois, à la première et à l’avant-dernière des béatitudes. Mais que veut dire habiter, posséder le royaume des Cieux, sinon vivre en présence de Jésus, une vie déjà commencée, et en même temps toujours à venir ? Le royaume des Cieux EST à eux, au présent ; et en même temps, dans l’à-venir : les bienheureux SERONT consolés, rassasiés, appelés fils de Dieu ; ils hériteront la terre, la miséricorde et la vision de Dieu. Pour gagner ce bonheur, Jésus brosse un portrait idéal : être pauvre de cœur, pleurer, être doux, affamés de justice, miséricordieux, avoir le cœur pur, être artisan de paix et même être persécuté pour la justice.
Qui donc peut-il ressembler à un tel portrait ? Celui à qui ce bonheur singulier est donné, c’est Jésus lui-même, le pauvre qui pleure, qui est doux, miséricordieux et bientôt persécuté pour la justice de Dieu. Nous qui connaissons Jésus et voulons vivre en sa présence, notre bonheur sera donc de lui ressembler, de lui être uni, et le royaume des Cieux sera à nous.
Un cœur de pauvre
"Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense EST grande dans les cieux !" (Mt 5, 12) Le bonheur selon Jésus n’est pas, comme on le dit parfois, dans la résignation à une condition terrestre où souffrir serait l’épreuve pour mériter la récompense d’une vie heureuse dans l’au-delà. Le bonheur du disciple de Jésus, aujourd’hui et pour le reste des temps, les siècles des siècles dit la liturgie, c’est considérer que rien ne compte autant sinon rechercher la présence de Jésus pour lui ressembler. Nous la trouvons près des pauvres en étant pauvre nous-mêmes, chez ceux qui pleurent, chez les doux. Désir présent qui donne déjà ce qui n’est pas encore là. Désir qui fait désirer encore. Pied déjà posé dans notre éternité où un amour comme il n’en existe pas d’autre attend chacun de nous.
Éprouvons du fond de notre cœur que nous sommes pauvres et faibles, et que sans Jésus nous ne pouvons rien faire. Un cœur de pauvre ne compte pas sur lui-même ni sur ses richesses. Ne nous entêtons pas dans nos opinions. Écoutons avec respect. Remettons-nous en volontiers aux décisions d’autrui. Nous obtiendrons alors la grâce des grâces. Hommes et femmes des béatitudes, notre pauvreté deviendra notre seule richesse car, par elle, le royaume des Cieux nous sera donné.