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Le pape François a publié la lettre apostolique Totum Amoris Est pour commémorer le 400e anniversaire de la mort de saint François de Sales (1567-1622), évêque et Docteur de l'Église. Par cette encyclique, le Saint-Père désire nous faire revisiter le 2e paragraphe de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (I – Une joie qui se renouvelle et se communique) :
Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie.
Le pape François considère saint François de Sales comme un exemple et un antidote idéal contre le repli sur soi et l’individualisme.
Un homme d'expérience
Le pape François dans sa lettre apostolique Totum Amoris Est souligne que saint François de Sales a reconnu "comme indispensable le soin de tout ce qui est humain". En effet, tout l’enseignement de ce saint est né d’une observation attentive de l’expérience.
Cette sensibilité était accrue par son expérience personnelle avec "deux crises intérieures consécutives qui marqueront sa vie de manière indélébile […] cette expérience, avec ses inquiétudes et ses questions, restera toujours éclairante pour lui et lui donnera une façon unique d’accéder au mystère de la relation entre Dieu et l’homme". Le pape François admire saint François de Sales pour "sa souplesse et sa capacité de vision" qui ont beaucoup à nous apprendre et qui semblent être le résultat direct des luttes personnelles du saint contre la souffrance. François de Sales reste une figure profondément humaine qui peut nous amener à redécouvrir et à vivre notre propre humanité.
Un homme de perception
Le Saint-Père note que François de Sales "avait eu la nette perception d’un changement d’époque" et que "Lui-même n’aurait jamais imaginé y reconnaître une telle opportunité pour l’annonce de l’Évangile. La Parole […] était capable de faire son chemin, ouvrant des horizons nouveaux et imprévisibles, dans un monde en transition rapide". Puis le pape François fait un parallèle avec la situation difficile dans laquelle nous vivons : "C’est ce qui nous attend aussi comme tâche essentielle pour le changement d’époque que nous vivons : une Église non autoréférentielle, libre de toute mondanité mais capable d’habiter le monde."
Le Saint-Père présente François de Sales – que Jean Paul II avait surnommé le "Docteur de l'amour divin" – comme un exemple exceptionnel à suivre :
C’est pourquoi [saint François de Sales] nous invite à sortir d’une préoccupation excessive de nous-mêmes, des structures, de l’image que nous donnons dans la société et à nous demander plutôt quels sont les besoins concrets et les attentes spirituelles de notre peuple.
Un homme de dévotion
Pour faire cela, saint François de Sales, auteur d’Introduction à la vie dévote, explique l’importance de la dévotion, en disant que c’est "la douceur des douceurs et la reine des vertus, car c’est la perfection de la charité. Si la charité est un lait, la dévotion en est la crème ; si elle est une plante, la dévotion en est la fleur […] l’odeur de suavité qui conforte les hommes et réjouit les Anges".
Le pape François aussi souligne l’importance de la dévotion, autrement dit la vie spirituelle vivante, en expliquant qu’elle est destinée à devenir "un style de vie, une façon d’être dans le concret de l’existence quotidienne" qui "donne un sens aux petites choses de tous les jours". Car la dévotion fait jaillir "l'extase de la vie" que le pape François définit comme "l’heureuse surabondance de la vie chrétienne, élevée bien au-dessus de la médiocrité de la simple observance", tout en nous faisant redécouvrir "les sources de la joie" et pour éviter "la tentation du repli sur soi".
Pour conclure, la lettre apostolique nous encourage à :
Traverser la cité terrestre en préservant l’intériorité, allier le désir de perfection à chaque état de vie, en retrouvant un centre qui ne se sépare pas du monde mais apprend à l’habiter, à l’apprécier, en apprenant aussi à prendre ses distances. Telle était son intention, et cela continue d’être une leçon précieuse pour chaque homme et chaque femme de notre temps.