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Les contes de fée ne sont pas l’apanage du royaume de l’enfance. Pourtant, Yannick et Carine reviennent de loin. Elle, originaire de Mons en Belgique, a vu sa vie basculer avec son premier mariage, à 24 ans : victime d’un mari violent, elle courbe l’échine pendant huit ans, jusqu’au jour où elle sent ses deux garçons en danger. Elle prend alors ses cliques et ses claques et entame une vie de fuite et d’errance, d’une ville à l’autre, toujours aux aguets et la peur au ventre. Dotée d’un beau brin de voix, elle parvient à subsister en faisant de la radio et en devenant animatrice karaoké. Jusqu’à ce jour de 2001 où on lui trouve des nodules sur les cordes vocales : frappée d’incapacité professionnelle, elle passe de maisons d’accueil en maisons d’accueil, jusqu’à ce qu’on lui parle de l’association Lazare de Bruxelles – la seule existant en Belgique. Croyante, elle est séduite par cette formule qui permet à des jeunes chrétiens et des personnes en galère de vivre sous le même toit pour un temps déterminé.
Insubmersible loup de mer
De son côté, Yannick aussi a mangé son pain noir. Breton de Saint-Malo, il a travaillé, entre autres, sur un bateau de pêche avant de plonger dans une sérieuse addiction à l’alcool. Les pérégrinations dans des résidences temporaires, il connaît aussi (Les Petits Riens, l’Armée du Salut, Poverello…)
Quand il décide en 2018 de rejoindre Lazare, il a rompu avec ses vieux démons : à la seule force du poignet, pour en finir avec l’autodestruction, il est devenu sobre du jour au lendemain. Il en tire -et comment ! – une grande fierté. Touche-à-tout et volontaire, il devient l’un des piliers de la résidence : "C’est un homme sensible et serviable, assure Thomas, 29 ans, qui l’a côtoyé deux années durant. Il s’est beaucoup investi dans la vie communautaire : par exemple au jardin, où il a planté fleurs, légumes, salades… Et en cuisine : il nous a régalés de gelée de coings préparée par ses soins ou de galettes bretonnes au sarrazin – son mets préféré." Et d’ajouter, non sans malice : "Il faut dire que sa Bretagne lui est chère ! Sa pire injure, c’est “marin d’eau douce” ou “marin du dimanche” !"
Généreux, Yannick s’investit aussi dans la vie associative : bénévole dans une ferme pédagogique, coach d’une équipe de foot... Il est depuis plus de trois ans en colocation, quand il rencontre Carine.
Un apprivoisement en douceur
À Bruxelles, la maison Lazare des femmes et des hommes n’est séparée en effet que par un garage à vélo : des activités occasionnelles (jeux de société, repas festifs, soirées dansantes ou déguisées…) sont proposées aux uns et aux autres. Ils se croisent dans le jardin, lieu de partage et de pauses thés ou cafés… Carine se souvient : "Malgré ma peur des hommes, j’étais bien avec Yannick. Il a beaucoup d’humour et me faisait rire. J’ai pris l’habitude de m’asseoir à côté de lui. Au final, c’est moi qui lui ai fait de l’œil ! Le jour où nous avons évoqué nos passés respectifs, il m’a dit qu’il n’avait jamais été marié, mais que si je le voulais…"
De la convivialité au sacrement
Les deux complices ne perdent pas de temps : ils ont l’âge d’être grands-parents ! La décision de se marier fait son chemin : leurs situations administratives compliquées ne leur a pas permis encore de passer devant monsieur le maire, mais ils mettent tout en œuvre pour y parvenir. Ils ont cependant officialisé leur union par un repas de fête, organisé avec le concours de leurs amis au sein de l’Épicerie sociale Les Capucines ; certains habitants du quartier ont mis la main à la pâte pour leur concocter un dîner “Spécial Mariage”, aux couleurs de Bretagne : moules, calamars, soupe de poissons, pièce montée…
Nous étions heureux de nous réunir pour lever nos verres à leur amour et rendre grâce pour ce qu’ils sont.
"C’était une journée magique, féérique se réjouit Carine. Yannick est un homme merveilleux, et nous étions si touchés par l’investissement de tous !" Thomas, présent aux côtés de plusieurs autres colocataires Lazare, renchérit : "L’ambiance était à la fête et à l’émotion. Nous étions heureux de nous réunir pour lever nos verres à leur amour et rendre grâce pour ce qu’ils sont."
Carine et Yannick ont quitté Lazare, après 4 mois pour elle, 4 ans pour lui, afin d’emménager ensemble. Prochaine étape après la mairie : le mariage religieux. Tous deux y tiennent dur comme fer. Thomas rapporte que Yannick servait la messe "avec application" dans la chapelle de Lazare et était très assidu aux Laudes, célébrées chaque matin. Pour Carine "à part une éclipse de cinq années suite à la mort de mon père, je n’ai jamais lâché la main de Dieu". Point de fées, lutins ou palais princier dans ce conte, on y mettrait plutôt le jardin d’Eden et une kyrielle d’anges !