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Les éditions Artège viennent de publier fort à propos un livre de dom Samuel, converti dans sa jeunesse, moine bénédictin depuis près de quarante ans, aujourd’hui père abbé de l’abbaye de Novy Dvur en Tchéquie, sur l’espérance. L’espérance que le Christ nous a donnée ne déçoit pas : c’est un moine parvenu à l’automne de sa vie terrestre, comblé de l’expérience du travail, de l’étude et de la prière, rassasié aussi de relations humaines, homme qu’on devine aussi rescapé de conflits petits et grands, intérieur et extérieurs, qui nous le dit. Il est toujours bon de prendre conseil d’un moine : en général, à âge égal, un moine a vécu plus profondément que nous. Ce n’est pas qu’il est nécessairement plus saint que le paroissien ordinaire — qui peut le dire ? — mais il est souvent plus profondément humain. Et comme il a moins perdu de temps que nous à bavarder, sa parole est moins diluée que la nôtre.
Ouvrir l’oreille de son cœur
Nous ne trouvons pas la lumière malgré la nuit, dit dom Samuel, mais dans la nuit elle-même : tel est le mystère de notre joie. Nous avons d’instinct tendance à refouler le mal : cependant le déni n’est jamais une issue. Trouver la joie d’être sauvé passe par la conscience d’être perdu. Ce livre écrit comme un roman alternant les réflexions et les exemples vécus, nous donne, au plus profond de l’ombre de l’hiver, les clefs du printemps spirituel qui est promis à chacun de nous et à la société tout entière.
Notre vocation n’est pas de pourfendre la Modernité mais de la convertir.
Dom Samuel répond aussi aux questions d’Albert Camus sur l’absurdité de notre condition, non pas par des arguments de philosophe, mais par l’expérience d’un disciple de saint Benoît qui un jour a été appelé à "ouvrir l’oreille de son cœur", et qui a répondu à cet appel. Il a écouté, et il a été consolé. Et surtout il a duré : de même que Pascal ne croyait que les témoins qui se font égorger, nous ne croyons que les moines qui sont restés dans leur monastère.
Le Siècle des Lumières n’a pas tué Dieu, affirme dom Samuel, il l’a à peine refoulé. Notre vocation n’est pas de pourfendre la Modernité mais de la convertir. L’abbé cistercien nous montre par l’expérience que notre foi est une marche vers le printemps. Son livre est une réflexion de l’hiver sur nos résurrections à venir. Une célébration de l’incarnation du Christ au plus profond de nos nuits intimes et collectives.
Pratique :