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Le récit est connu : parce qu’il a reproché publiquement à Hérode Antipas sa relation adultère avec la femme de son frère, Jean le Baptiste est arrêté et, selon l’historien Flavius Josèphe, emprisonné à la forteresse de Machéronte – en Jordanie actuelle. En réalité, le tétrarque de Galilée admirait secrètement le fils de Zacharie et se plaisait à l’écouter ; aussi, cherchait-il à le maintenir en vie. Mais un serment fait à Salomé, la fille d’Hérodiade, le contraint à faire décapiter Jean dans sa cellule (Mc 6, 14-29). De ce qu’il advient ensuite du corps de Jean, les Évangiles synoptiques ne disent mot.
Pour en savoir plus, il faut se tourner vers des écrits des IV-Ve siècles, de saint Jérôme, Rufin d’Aquilée ou Théodoret de Cyr. Ils affirment que la tombe du Baptiste se trouvait initialement près de Sébaste, antique capitale du royaume d’Israël située dans les montagnes de Samarie, et qu’elle faisait l’objet de pèlerinages. Mais au IVe siècle, des soldats agissant sur ordre de l’empereur Julien l’Apostat l’auraient profanée avant de brûler les ossements de Jean. Quelques restes auraient toutefois pu être sauvés et confiés bien des siècles plus tard à des chevaliers croisés. De là, leur dispersion dans tout l’Occident, où plusieurs églises en revendiquent la possession.
Une tradition annexe, quoique plus tardive, soutient que la tête de Jean avait été enterrée séparément de son corps, donnant ainsi lieu à plusieurs récits contradictoires et invérifiables sur son invention. Là encore, plusieurs sanctuaires de France, d’Italie ou de Turquie assurent détenir une partie, voire la totalité de son crâne. C’est le cas de la mosquée des Omeyyades, située en plein cœur de Damas.
Des reliques vénérées par chrétiens et musulmans
L’archéologie a montré que cette zone urbaine était, au X-IXe siècle av. J.-C., le siège d’un temple voué au culte d’Hadad, divinité mésopotamienne de l’orage et de la fertilité. Vinrent ensuite la domination grecque séleucide, puis romaine qui lui substituèrent un Temenos consacré à Zeus/Jupiter. Avec la christianisation progressive de l’empire romain au IVe siècle, c’est finalement une basilique dédiée à Jean-Baptiste qui s’élève en ce même lieu, au croisement du Cardo et du Decumanus, les deux axes principaux qui structurent toute ville romaine ; les reliques du Précurseur auraient quant à elle été placées à l’intérieur de l’édifice.
Selon un chroniqueur persan du Xe siècle, Ibn Al-Faqih, lors des travaux d’aménagement, les ouvriers auraient découvert une chapelle souterraine abritant les fameuses reliques de Jean.
La conquête musulmane, au VIIe siècle, apporte de nouveaux bouleversements. La dynastie des Omeyyades qui s’installe alors à Damas décide d’y construire une mosquée à la hauteur de son prestige et de sa puissance. Et pour ce faire, l’église est détruite ; ne restent que le mur d’enceinte et les tours d’angle de l’ancien temple à Jupiter. Selon un chroniqueur persan du Xe siècle, Ibn Al-Faqih, lors des travaux d’aménagement, les ouvriers auraient découvert une chapelle souterraine abritant les fameuses reliques de Jean. Sur ordre du calife Al-Walid Ier, elles auraient été conservées précieusement. Selon la tradition islamique en effet, Jean – appelé Yahyâ dans le Coran – est considéré comme un prophète, l’ascète par excellence. Aujourd’hui encore, les restes qui lui sont attribués reposent dans un petit édifice à coupoles, au sein de la mosquée, et sont vénérées autant par les chrétiens que par les musulmans.