Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Avec ce troisième dimanche de l’Avent, la liturgie nous offre comme une pause, une relâche. Alors que le missel recommande une certaine discrétion de l’orgue et de l’ornementation florale pendant les jours de l’Avent, dans le but de marquer l’attente et la retenue, il est aujourd’hui, en ce dimanche de Gaudete, permis d’en user plus librement. Joie pour l’organiste et les fleuristes de la paroisse ! En revanche, il y en a un pour qui ce peut être un jour d’épreuve : c’est M. le curé qui se retrouve affublé d’une chasuble… rose. Pas très viril comme couleur ! Teinte rose fanée ou rose Barbie, rose sucette ou rose petit cochon, du lilas au fuchsia, il y en a pour tous les goûts et les commentaires ne vont pas manquer sur le parvis à la sortie de la messe. Là encore, il s’agit de marquer les esprits. Le violet laisse la place, le temps d’un dimanche, au rose de l’aurore que chantait Homère. Cet adoucissement du violet a pour but d’encourager les fidèles en leur montrant que l’Avent tire sur sa fin et que la solennité de Noël est déjà en vue ! Alors oui, aujourd’hui, les prêtres paient de leur personne. Mes frères, ne manquez pas de les en remercier à la fin de la célébration pour cette contribution active à la pédagogie liturgique !
La joie du désert
Plus sérieusement, ce dimanche de Gaudete est emblématique qui doit habiter le cœur, l’âme de tout chrétien : nous sommes les disciples du ressuscité, de Celui qui a vaincu la mort, qui est plus fort que le mal. Et Jésus a promis à ceux qui Lui seraient fidèles de partager Sa joie au Ciel pour l’éternité ! Replongeons-nous dans les lectures que nous propose ce dimanche de la joie : elles aussi participent à cette pédagogie de la joie et de l’espérance. Dès la première lecture, nous avons été plongés dans cette joie : "Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie !" (Is 35, 1-2.) Vous avez noté tous les termes en lien avec la joie ? Mais avez-vous noté que cette joie concerne "le désert", "la terre de la soif", "le pays aride" et c’est eux qui se couvrent de fleurs ? Le monde à l’envers ! Ce n’est pas du tout l’image que nous en avons. Pourtant, le passage d’Évangile va dans le même sens : alors que Jean le Baptiste est en prison, qu’il y dépérit, qu’il désespère au point de douter, au point d’envoyer des émissaires se renseigner auprès de Jésus pour savoir si c’est bien Lui le Messie, voici qu’une parole de réconfort lui est donnée : grâce à ce Jésus, que lui Jean a reconnu comme l’Envoyé de Dieu, les pauvres sont exaucés, guéris, relevés, le désert fleurit à nouveau (Mt 11, 5) !
La source de la joie
Jésus est la source de notre joie : le vrai bonheur, durable, profond, c’est Lui et Lui seul qui le donne. Tout le reste passe et s’efface. La joie parfaite, sans limite, sans fard, c’est au Ciel qu’elle nous sera donnée lorsque nous nous plongerons dans cet amour indicible. Mais cette joie sans fin nous attend par-delà la porte de la mort. Il nous faut encore avancer à tâtons, un pas après l’autre, tâchant de faire le bien, à la mesure de nos moyens et de nos forces, chacun selon sa vocation et son style de vie. Et dans les moments plus difficile — sans être en prison, nous pouvons avoir nous aussi, comme le Baptiste, de ces coups de blues — appuyons-nous sur la foi, l’espérance, la charité de nos frères — bienheureuse communion des saints d’ici-bas et là-haut ! Nous puisons nos forces dans les petites joies éphémères que nous procure le quotidien, mais qui sont l’annonce, la promesse de cette joie infinie du Ciel.
À présent, le voici en prison. Otage d’Hérode ? Prisonnier politique ? Vulgaire détenu de droit commun pour outrage ?
Vous avez noté que Jésus, après avoir délivré un message d’espérance aux disciples de Jean, enchaîne pour ses auditeurs, mais aussi pour nous ce matin. Jean a connu son heure de gloire : sa prédication a touché les cœurs et beaucoup se sont préparés à la venue du Sauveur. À présent, le voici en prison. Otage d’Hérode ? Prisonnier politique ? Vulgaire détenu de droit commun pour outrage ? Dans tous les cas, beaucoup se sont détournés de lui. Par crainte, par servilité, par désintérêt… Ils ne sont pas nombreux ceux qui restent fidèles. Oh ! il en sera de même pour Jésus au moment de l’arrestation et de la condamnation : même les plus proches ficheront le camp. Les paroles de Jésus à l’égard du Baptiste sont gratifiantes : "Cet homme est véritablement un prophète et il est grand au milieu des hommes !" En ce dimanche de la joie, cet éloge est à prendre comme un encouragement pour tous ceux qui souffrent, qui peinent, qui se demandent si leur travail, leur engagement à la suite du Christ vaut le coup et nécessite tant d’abnégation.
Il est Celui qui doit venir
Se présenter comme témoin du Christ ressuscité aujourd’hui, en ce monde sécularisé, est une vraie gageure ! Servir au sein de l’Église ou dans une association caritative relève de la douce folie pour beaucoup : ça ne rapporte pas, c’est has been, carrément inutile ! Sauf que ma joie, c’est de servir Celui qui s’est mis à notre service, c’est de me mettre à la disposition de Celui qui a sauvé l’humanité par le don de sa vie. Et je sais que la vraie récompense, c’est Jésus qui me l’accordera. Les médailles, les décorations, les attestations, les lettres de félicitations, les diplômes, les promotions, tous ces colifichets utiles pour un temps donné, tout cela terminera en poussière. Il en est de même pour les like, les followers ! Mais les paroles du Seigneur, elles resteront : "Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître !" (Mt, 25, 21) En ce dimanche de Gaudete, ce dimanche en rose, ce dimanche qui annonce l’aurore du salut, tournons-nous résolument vers le Christ, notre unique Sauveur, la source de notre vraie joie : "Il est Celui qui doit (re)venir", pas besoin d’aller chercher ailleurs !