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Habitant de Toronto âgé de 55 ans, Michael Fraser ne peut plus payer son loyer rapporte le (Toronto Star, 18/11/2022). Face à "une myriade de facteurs — une maladie incurable, la pauvreté, un traumatisme sexuel dans l’enfance, des problèmes de santé mentale et l’option d’une mort assistée", il ne voit qu’une solution : la mort. Il pense "que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue".
Il n’était pas en phase terminale, mais seulement malade, pauvre et seul.
Sa demande d’"aide médicale à mourir" (AMM) est approuvée. Un médecin, le docteur Persaud, lui injecte les substances létales qui mettent fin à ses jours le 2 juillet 2022. Il n’était pas en phase terminale, mais seulement "malade, pauvre et seul". Le système médical ne s’est pas contenté d’appuyer sa décision "mais a facilité sa mort", car c’était "sa vie, son choix".
Des alternatives à l’euthanasie
Aujourd’hui au Canada, face au désespoir, la société préfère la mort plutôt que prendre tous les moyens pour offrir une alternative et s’assurer que personne ne se sente poussé à prendre une telle décision. L’accès à des médecins spécialistes prend des mois quand l’accès à l’"aide médicale à mourir" peut prendre quelques jours. Désormais, l’AMM n’est pas seulement accordée pour des raisons purement médicales mais aussi pour des problèmes sociaux : la pauvreté, l’isolement ou le manque de services.
Le cas de Michael Fraser est loin d’être isolé. Pourtant, ce n’est pas inéluctable. Ainsi, Amir Farsoud, un Canadien de 54 ans gravement handicapé qui craignait d’être expulsé de son logement social suite à sa mise en vente a trouvé une autre issue nous raconte (The Independent 21/11/2022). Dans l’impossibilité de s’acheter une maison et redoutant de se retrouver sans abri, il demande l’euthanasie. Mais, après avoir reçu 60.000 dollars via une collecte GoFundMe, il est revenu revient sur sa décision.
La pente glissante canadienne
Le programme Medical Aid in Dying (MAID) du Canada a débuté en 2016 pour les personnes en fin de vie souligne l’IEB (Institut européen de bioéthique, 17/7/2021). Il a ensuite été ouvert aux personnes souffrant de handicap ou de douleurs "débilitantes", comme cet homme souffrant de "perte auditive" (Unherd, 18/10/2022) ou ce jeune de 20 ans souffrant de douleurs chroniques. Il devrait être élargi aux personnes atteintes de maladie mentale au mois de mars 2023 prochain. Et les enfants sont également dans la cible (cf. La Presse, 28/05/2021). Comme en Belgique, les garde-fous sautent les uns après les autres. Alors que la France envisage d’autoriser l’euthanasie et le suicide assisté, l’avertissement sera-t-il entendu ?