1Le parcours inédit du cardinal Zenari, le "nonce militaire"
Au service de la diplomatie du Saint-Siège depuis les années 1980, le cardinal Mario Zenari est sans doute le plus capé des nonces actuels. D’ailleurs, il est le seul nonce apostolique en poste à avoir été créé cardinal depuis le XVIe siècle, et la création dans l’histoire moderne, des diplomates de l’Église. "Cela me met un peu mal à l’aise", confesse cet Italien qui a servi les papes sur quatre continents et près de 20 nations. En 1999, il est nommé nonce en Côte d’Ivoire, quelques mois avant que la guerre civile n’éclate. Quatre ans plus tard, il est envoyé au Sri Lanka, "un autre pays affligé par un conflit sanglant de 30 ans", raconte celui qui est depuis 2009 nonce en Syrie. "À présent, je me considère comme un nonce militaire !", ironise le diplomate de bientôt 77 ans, mais toujours en exercice, sur demande du pape.
Quand les autres représentations diplomatiques fuyaient la Syrie au plus fort de la guerre, lui n’a jamais quitté Damas. "Maintenir la nonciature ouverte et opérationnelle pendant le conflit sanglant était une décision évidente que nous n'avons jamais reconsidérée", explique celui qui, plus jeune, désirait être un bon curé de campagne. En Syrie, il perçoit sa mission comme celle d’un Bon Samaritain, et fait en sorte de faciliter l’aide humanitaire dans ce pays broyé par la guerre. Constatant que la Syrie a disparu des radars médiatiques, il s’inquiète aujourd’hui de la pauvreté qui frappe près de 90% de la population et de l’émigration, des jeunes notamment.
Pour lui, la pourpre cardinalice dont le pape a choisi de le revêtir en 2016 revêt une signification très concrète. "Quand je porte cette couleur, je pense souvent que je ne la porte pas en mon nom, mais au nom de toutes les victimes de la guerre, en particulier les enfants. Pour moi, ce n'est rien d'autre que la Syrie martyre !"
2 Un évêque chinois "clandestin" rejoint l’Église officielle
Un évêque clandestin chinois, Mgr John Peng Weizhao — nommé par le pape François en 2014 pour le diocèse de Yujiang et également détenu pendant six mois par les autorités chinoises pour cette raison — a rejoint les instances "officielles" du catholicisme chinois et a été reconnu, lors d'une cérémonie organisée jeudi, comme "évêque auxiliaire du diocèse de Jiangxi". La cérémonie s'est déroulée à Nanchang en présence d'environ 200 personnes et a été présidée par l'évêque local Li Suguang, qui est également vice-président de la Conférence des évêques catholiques chinois, l'organe de l’Association patriotique, affiliée au Parti communiste chinois (PCC). Mgr Peng Weizhao, 56 ans, a étudié au séminaire national de Pékin et est devenu prêtre en 1989.
Il a été secrètement ordonné évêque de Yujiang avec le mandat du pape François le 10 avril 2014 pour succéder Mgr Thomas Zeng Jingmu, chef de l'Église clandestine locale, qui a passé 23 ans en prison et est mort à l'âge de 96 ans en 2016. Quelques semaines après son ordination, Mgr Peng a lui-même été arrêté. Libéré en novembre 2014, il a toujours été sévèrement limité par les autorités dans sa capacité à exercer son ministère. Après l’accord de 2018, l’Église clandestine de Yujiang avait subi une pression intense pour "régulariser" son clergé.
Dès le 22 septembre, Mgr Peng Weizhao avait informé son clergé qu'il avait démissionné de son poste d'évêque de Yujiang et accepté le plan du gouvernement visant à intégrer tous les diocèses dans le seul diocèse de Jiangxi. Selon le site web chinacatholic.cn, contrôlé par le PCC, l'évêque a lu ce serment: "Je jure d'observer les commandements de Dieu, de remplir les devoirs pastoraux de l'évêque auxiliaire, de prêcher fidèlement l'Évangile, de diriger les prêtres et les fidèles du diocèse de Jiangxi, de respecter la Constitution nationale, de sauvegarder l'unité de la patrie et l'harmonie sociale, d'aimer le pays et la religion, et persister dans le principe des Églises indépendantes et autonomes, adhérer à la direction du catholicisme dans mon pays en Chine, conduire activement le catholicisme à s'adapter à la société socialiste, et contribuer à la réalisation du rêve chinois du grand rajeunissement de la nation chinoise".
Le Saint-Siège n’a pas donné d’information sur son assentiment ou non à cette nouvelle charge d'évêque auxiliaire. La crainte existe d’une répétition de la situation survenue à Mindong, dans le Fujian, où l'évêque clandestin Mgr Guo Xijin a subi des pressions pour accepter le ministère d'évêque auxiliaire, et a ensuite renoncé à son ministère épiscopal quelques mois plus tard, lorsqu'il a constaté que les nouvelles conditions ne lui laissaient guère de liberté de mouvement.
3ET AUSSI DANS LA PRESSE INTERNATIONALE...
Un diocèse suisse renonce aux exorcistes
Le diocèse de Coire, en Suisse, ne proposera plus les services d’un prêtre exorciste. L’évêque actuel, Mgr Joseph Maria Bonnemain, considère que les personnes en détresse psychique doivent trouver des solutions médicales ou psychothérapeutiques.
Le silence du cardinal Omella
Le cardinal Juan José Omella, président de la Conférence des évêques d’Espagne, n’a pas fait allusion aux affaires d’abus lors de son discours d’ouverture de l’assemblée plénière de l’épiscopat, contrairement à son homologue français. El Pais dénonce un "manque de compassion, un principe éthique et une vertu religieuse qui nous rend réellement humains et nous pousse à nous solidariser avec les personnes qui souffrent".
Le nouveau cardinal du Ghana est sorti de l'hôpital
Le cardinal ghanéen Richard Kuiia Baabwohr, qui avait manqué le consistoire du 27 août dernier en raison d’un malaise cardiaque, est sorti de l'hôpital Gemelli le 18 novembre, après avoir subi une lourde opération. Il remercie les fidèles de son diocèse de Wa pour leurs prières, mais il va rester encore plusieurs semaines à Rome en convalescence, résidant à la maison générale des Pères blancs, la congrégation dont il fut le supérieur général.