1La dimension épiscopale de l’Église est-elle en péril ?
L’historien italien Massimo Faggioli, professeur d’université aux États-Unis, explique que l’Église catholique est en train de devenir "post-épiscopale". "La situation découle de la chute précipitée des vocations. Nous avons encore des évêques, des prêtres et des diacres, bien sûr, mais il est impossible d'imaginer une Église dans laquelle il y aurait un prêtre pour chaque paroisse", explique-t-il, en remarquant par ailleurs une baisse notable du niveau de confiance des prêtres envers leurs évêques. "La crise post-conciliaire du sacerdoce et des ordres religieux n'est pas surprenante, étant donné le traitement superficiel que Vatican II et ses documents finaux ont réservé à ces ministères et à leur rôle dans l'Église", explique Massimo Faggioli.
Mais la crise de l’épiscopat est plus complexe à analyser. La revalorisation du corps épiscopal par le Concile, notamment à travers la mise en valeur de la collégialité épiscopale, n’a pas eu l’effet escompté. Il mentionne le malaise palpable notamment à travers "le nombre élevé de prêtres choisis pour devenir évêques mais qui refusent cette nomination ; le nombre d'évêques qui démissionnent pour cause d'épuisement professionnel ; ou encore les cas d'évêques discrètement écartés (et sans aucune transparence, surtout pour les victimes) par le Vatican à la suite d'accusations ou parce qu'ils ont été reconnus coupables d'abus ou de dissimulation". Dans ce contexte, la synodalité prend acte de l’effacement progressif de l'évêque comme pivot du gouvernement de l’Église. Le Synode des évêques, créé par Paul VI en 1965 est en train de changer de nom pour devenir simplement "Synode" (pas de "des évêques") et la synodalité est appelée à devenir un modèle de gouvernance partagée dans les organes ecclésiaux, impliquant notamment les laïcs et les femmes.
"Elle est appelée à combler le vide laissé par les évêques, un vide dans lequel d'autres voix et entités — dans les médias, dans les affaires, dans la politique — se sont engouffrées, et ce faisant, ont mis en danger la catholicité de l'Église", explique Massimo Faggioli.
2L’évêque de Den Bosch commente la visite ad limina des Hollandais
"La curie romaine, l'ensemble des départements qui assiste le Pape dans l'administration de l'Église, est au service des évêques, pas au-dessus de nous", a déclaré Mgr Gerard de Kort, évêque de Den Bosch, au quotidien protestant Nederlands Dagblad. Le Hollandais, qui revient d’une semaine de visite ad limina, y voit un "signe clair d’une synodalité croissante" impulsée par le pontife. Ce dernier, qui a reçu tous les évêques des Pays-Bas, a souligné l’importance d’un accompagnement pastoral dans leur ministère et dans la poursuite du synode. Celui-ci, leur a-t-il déclaré, est un processus spirituel à la "dimension parlementaire" mais pas un parlement. Il a invité à s’écouter mais aussi à prendre des temps de silence lors des sessions synodales. Mgr De Kort est aussi revenu sur le fait que l’université de Nimègue allait redevenir catholique, après un conflit avec les évêques hollandais. Impulsée par le Saint-Siège, cette réconciliation va passer la création d’un institut Laudato si’.
3ET AUSSI DANS LA PRESSE INTERNATIONALE...
Mgr Broglio, une figure conservatrice à la tête des évêques américains
Mgr Timothy Broglio a été élu président de la Conférence épiscopale américaine le 15 novembre. Ancien secrétaire du cardinal Sodano dans les années 1990, il est archevêque aux forces armées américaines depuis près de quinze ans. Mgr Broglio fait partie des prélats américains ayant reproché au président Joe Biden ses positions morales sur l’avortement notamment.
Églises au Liban: il faut "immédiatement" un président
Les responsables des Églises au Liban se sont réunis ces derniers jours et ont redit la priorité pour le parlement d’élire un président, après le départ de Michel Aoun. Dimanche, le patriarche maronite a aussi demandé une conférence internationale pour le pays, rapporte Terre Sainte Magazine.
Bahreïn : la demande d'amnistie du pape tombe pour l’heure dans l’oreille d’un sourd
L'appel personnel que le pape François avait adressé au roi de Bahreïn lors de son récent voyage dans le Golfe, plaidant pour la libération d'un certain nombre de prisonniers politiques emprisonnés depuis 2011, tous appartenant au courant chiite, est pour l'instant resté sans effet. Le roi Khalifa n'a pas accédé à la demande papale, malgré les attentes.