Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
C’est un fait : l’Apocalypse a pris d’assaut le devant de la scène. Elle n’est plus ce spectre poussif, vaguement sympathique à force d’être sans substance, que l’on évoquait avec des clignements d’yeux, comme ces soirées où l’on jouait à se faire peur enfant, un chapeau de sorcière sur la tête, des dents en plastique dans la bouche. Il a pris le devant de la scène sous son jour le plus terrifiant, celui de l’annihilation totale de l’humanité, et sous des formes si diverses qu’il paraît nous cerner de toutes parts. Dérèglement climatique ? Guerre thermonucléaire ? La question, semble-t-il, n’est plus de se demander s’il aura lieu, mais comment.
À chaque époque, sa révélation
Si le mot "apocalypse" a fini par prendre la signification qui nous glace aujourd’hui, celui d’une série de catastrophes terminales, il désigne d’abord un genre littéraire présent dans la Bible dont la fonction est de dévoiler le sens de l’histoire humaine. Ce sens n’est pas celui d’une fatalité cosmique cyclique comme chez les Grecs anciens, ou celui d’un progrès matériel et moral indéfini comme chez les penseurs des Lumières et leurs continuateurs, mais celui du désir de Dieu de porter toute sa Création vers une communion d’amour parfaite avec lui. Cet accomplissement ne passe pas sans des bouleversements d’une ampleur inouïe, le plus notable d’entre eux étant la destruction du péché, et, avec elle, de la mort.
À chaque époque (...), l’évanouissement de mensonges, le retour douloureux, mais ô combien salvateur, de la saine réalité.
"Quant à ce jour et à cette heure-là [celui du Jugement], nul ne les connaît, pas même les anges des cieux, pas même le Fils, mais seulement le Père, et lui seul, a déclaré Jésus (Mt 24, 36). S’il serait donc absurde de parler de l’Apocalypse avec un grand "A", notre époque, comme toutes celles qui l’ont précédée, a sans doute quelque chose d’apocalyptique en ce qu’elle révèle, d’une manière unique, cet ordre mystique sous-jacent à l’histoire. Or la descente sur terre de la Jérusalem nouvelle étant réservée à la fin des temps (Ap 21), cette révélation s’effectue pour nous essentiellement "par défaut", par la mise au grand jour des effets délétères du péché. À chaque époque donc, son lot de prises de conscience sur la nocivité de faux biens. À chaque époque donc, ses écailles qui tombent au sujet d’idoles sanguinaires. À chaque époque donc, l’évanouissement de mensonges, le retour douloureux, mais ô combien salvateur, de la saine réalité.
Devenir acteurs de réconciliation
Les chrétiens ne devraient pas avoir peur de la réalité. Et, plus que quiconque, ils devraient chercher à identifier les mécaniques de mort qui cherchent à la disloquer, non pas pour s’enfermer dans des protestations mortifères mais pour devenir acteurs de réconciliation — forts de cette exigence christique qu’on ne combat pas le mal par le mal mais par la recherche du vrai bien. Je le sais pour l'avoir constaté : nombreux sont ceux qui suivent déjà ce chemin. L’apocalypse nihiliste, celui de la destruction de l’humanité, est celle dont rêve l’antique Adversaire. Utopie démente et désespérée : nous le savons par la foi, le fin mot de l’histoire est à Dieu. Et c’est par l’amour de la Création et le désir de la conversion qui nous pourrons, nous aussi, participer à cette œuvre sublime. Le retour de l’Apocalypse est ainsi l’occasion de nous remobiliser dans l’œuvre du Salut.