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La chasse au 4x4 est ouverte. Le gang des dégonfleurs passe à l’action, plus efficace que les grands discours. Il s’attaque aux pneus des SUV (Sport Utility Vehicule), des 4x4, au motif que ceux-ci sont polluants. Un flyer glissé sur le pare-brise ou — courtoisie extrême — dans votre boîte aux lettres, vous avertira que vos pneus ont été dégonflés par la milice de l’écologie : "N’y voyez pas d’attaque personnelle, on n’en veut qu’à votre voiture." Trop aimable. Apprenez au passage que votre voiture est "grotesque et vanité pure", mais ne le prenez pas pour vous, on vous dit… Voilà pour les faits. On peut s’étonner au passage de voir que, dans la même rue, sera épargnée la vieille familiale qui roule au diesel, pourtant bien plus polluante que tous les SUV réunis du quartier, récents, hybrides ou électriques. Alors que veut-on vraiment ? Ou à qui en veut-on ? Et pour quel résultat ?
"Mettre fin à la société de la voiture"
L’idée est de mettre fin à la pollution comme le soutient Florian, 32 ans, interrogé sur Radio Nova, et qui affirme avoir récemment dégonflé les deux pneus de 200 voitures dans l’optique de "mettre fin à la société de la voiture" : mais alors, pourquoi ne s’attaquer qu’aux SUV ? Autant dégonfler tous les pneus de Paris. L’objectif clairement déclaré est de s’en prendre aux riches, prétendus plus pollueurs que les pauvres. En dépit du fait qu’ils ont pu grâce à leur argent se payer une voiture moins polluante que votre vieille guimbarde…
L’idéologie absolutise le réel, absolutise les objectifs et les moyens. Elle nie la complexité et le caractère évolutif de la réalité.
On touche du doigt un vieux travers du militantisme : la confusion entre idéologie et idéal, jusqu’au risque de l’aberration contreproductive. Avoir un idéal, c’est être conscient qu’on ne peut se contenter du monde tel qu’il est, c’est être convaincu que notre engagement à nous réformer nous-même transforme la réalité, cette réalité que nous souhaitons meilleure. L’idéologie absolutise le réel, absolutise les objectifs et les moyens. Elle nie la complexité et le caractère évolutif de la réalité et la simplifie pour des raisons pratiques : il est plus facile de combattre une cible immobile.
Un militantisme contreproductif
Ainsi, dès lors que le monde est séparé entre dominants et dominés, riches et pauvres, racistes et racisés, injustes et justes, le combat est plus simple. La question n’est plus de savoir, comme le voulait Bossuet, comment faire en sorte que le riche ne soit pas un mauvais riche. La question est de savoir comment nuire au riche, puisqu’il est mauvais. La réponse est simple : en s’attaquant à sa richesse, puisqu’elle est injuste. Haro sur les gros pneus.
Et c’est là que tout le caractère contreproductif du militantisme idéologique se révèle : la lutte légitime en faveur de l’environnement est identifiée comme une chasse aux riches, comme une guerre moralisatrice, bien-pensante mais peu-pensante. Et la victime change de camp. Pour détourner un proverbe bien connu : à trop vouloir se faire la guerre, on perdra les vrais combats.