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Cardinal Zen : le juge assure avoir des “preuves suffisantes” contre lui

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Le cardinal Joseph Zen.

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Sylvain Dorient - publié le 30/09/22
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Démarré en début de semaine, le procès du cardinal Zen, célèbre évêque émérite de Hong Kong et adversaire infatigable du Parti communiste chinois, va reprendre le 26 octobre. Mais le juge assure avoir d’ores et déjà des "preuves suffisantes" contre lui.

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Le procès du cardinal Zen et de quatre co-accusés, qui s’est ouvert lundi à Hong-Kong le 26 septembre, a été ajourné jusqu’au 26 octobre. Mais le juge a assuré qu’il y avait d’ores et déjà suffisamment de preuves pour justifier un procès. Il n’y aura pas de prison pour le cardinal Zen, et l’amende qu’il encourt (1274 dollars) pourrait paraître dérisoire au regard de l’importance médiatique que prend cette affaire. Elle revêt toutefois une importance symbolique, car le cardinal représente aux yeux des Chinois et du monde une figure des mouvements pour la démocratie à Hong Kong. 

Le procès devrait s’achever au mois de novembre. Le cardinal, avec cinq autres personnes, est accusé de ne pas avoir enregistré le fond d’aide aux manifestants nommé "612 Humanitarian Relief Fund". Ce fond apportait une aide médicale et juridiques aux personnes arrêtées par la police chinoise lors des manifestations de Hong Kong de 2019 et 2020. Mais si la peine encourue actuellement paraît bénigne, le cardinal fut à l’origine arrêté le 10 mai 2022 pour "collusion avec une force étrangère", un chef d’accusation très grave en Chine. Et un journaliste hongkongais Tony Kwok a ajouté que le prélat était "sous le coup d’une enquête" pour corruption. 

Vieil ennemi du communisme

L’antipathie entre le cardinal Zen et le Parti communiste chinois n’est un secret pour personne, et ne date pas d’hier. L’homme de 90 ans a dû fuir avec sa famille l’avance des troupes communistes pendant la guerre civile. Il a connu l’avènement du Parti, dans toute sa brutalité et sa haine des religions "étrangères". À présent l’heure est à l’apaisement, et en 2018 un accord provisoire a été négocié entre la Chine et le Vatican, au grand dam du cardinal Zen qui l’a qualifié de "trahison". 

Ces accords signés en 2018, prévu pour durer deux ans, ont été renouvelé en 2020 et devraient l’être à nouveau au mois d’octobre 2022. Ils constituent tout à la fois un enjeu majeur pour l’Église et un terrain miné. Il s’agit d’accords secrets, et le détail de ce qui est concédé de part et d’autre est inconnu du grand public. Mais l’un des points négociés porte sur la nomination des évêques catholiques chinois. Depuis 2018, le Parti propose les évêques qu’il souhaite voir nommer, puis le Saint-Siège valide – ou non – ce choix. Six évêques ont été nommés de la sorte. 

Un pays, deux Églises

Car en Chine, deux Églises co-existent depuis la Révolution. L’une représentée par la hiérarchie classique, obéissant au Saint-Siège, est qualifiée de "clandestine", mais l’autre est l’Église dite "patriotique", dont les évêques sont nommés par le Parti chinois. Avec le temps, les frontières entre ses deux Églises sont devenues floues, certains chrétiens navigants d’une Église à l’autre. Logiquement, le Vatican souhaite mettre fin à la division de ces chrétiens et a choisi d’entamer des négociations. 

Cette approche a été violemment critiquée par les catholiques fidèles de l’Église clandestine, conscient du caractère totalitaire du régime communiste chinois. À l’inverse, des catholiques chinois – surtout parmi la jeune génération – se montrent très patriotiques, et sont gênés par les dissentions qui existent entre leur nation et leur religion

Du côté du verre à moitié plein, un observateur optimiste calculera que depuis les premiers accords en 2018, aucun évêque chinois n’a plus été nommé par le parti. Du côté du verre à moitié vide, un observateur pessimiste constatera que le Parti peut désormais se mêler de la nomination des évêques, ce qui est interprété par une trahison par des catholiques chinois partisans de l’Église clandestine. Le cardinal Zen appartient de toute évidence à la seconde catégorie. On se souvient qu’il dénonçait sans équivoque "l’absurdité d’un gouvernement athée voulant diriger l’Église catholique".

À son corps défendant, il représente une carte dans la main du Parti communiste, dans la partie qu’il joue avec le Vatican.

Dans la même veine, il accusa la diplomatie vaticane de "naïveté" aussitôt qu’elle commença à entrer en pourparlers avec le Parti. Pour cet homme qui se trouve sur le banc des accusés, la coupe est amère. À son corps défendant, il représente une carte dans la main du Parti communiste, dans la partie qu’il joue avec le Vatican. Le fait qu’il ne soit susceptible d’être condamné qu’à une peine symbolique, apparaît comme un gage, donné par les communistes, dans les tractations qui continuent à se tenir avec le Vatican

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