Direction chambre 110, où Claire Oppert retrouve Marie, 51 ans. C’est elle qui a eu des traitements très lourds dans la matinée. Claire ne sait pas si c’est le bon moment. "Vous allez voir Marie ? Oh, que je suis heureuse pour elle !", lance Mireille Mion, responsable des bénévoles. Atteinte d’un grave cancer, en reconnaissant la silhouette filigrane de Claire encombrée de son violoncelle dans le petit espace de sa chambre, Marie se lève légèrement sur son lit. "Je viens pour jouer de la musique", avance Claire, prête à faire demi-tour si ce n’est pas le bon moment. "Oui, je vous ai entendue tout à l’heure, je savais que ce n’était pas un disque", répond la patiente. Celle-ci demande aussitôt de jouer "quelque chose de pas triste. Du rock ?" Pas tellement équipée sur le moment en partitions pour le rock, Claire revient à Schubert. Finalement, les deux femmes tombent d’accord : "Trois préludes" de Gershwin. Dès les premières notes, Marie ferme les yeux, elle sourit en hochant la tête. Claire suggère ensuite le concerto 2 de Rachmaninov, en expliquant qu’elle connaît mieux le répertoire classique. "Vous allez peut-être aimer". "Oui, c’est très beau", reconnaît la patiente qui, dès les premières notes, retrouve une respiration apaisée. Puis, elle convainc la violoncelliste de jouer "Englishman in New York" de Sting. Métamorphosée, Marie chante les paroles dans un parfait anglais. "J’étais parolière chez Warner Bross, j’ai même composé une chanson, c’est pour cela… ", explique-t-elle en ajoutant : "Votre musique m’a offert un répit. J’ai pu m’évader, quitter ma colère. Vous reviendrez la semaine prochaine ?", demande-t-elle à la fin à Claire.