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L’éducation sexuelle et la noblesse de la conception

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Lycée parisien.

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Henri Quantin - publié le 14/09/22
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Quand l’Éducation nationale tente d’associer sexualité et respect d’autrui, elle pourrait aller un peu plus loin que la lutte contre les violences et les inégalités, argumente l’écrivain et professeur Henri Quantin. Pourquoi ne pas parler, enfin, de la dignité de sa naissance et de la merveille de sa conception ?

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Contradiction, enfumage ou nouvelle variation sur le principe du "en même temps" ? À la fin de l’été, le ministère de l’Éducation nationale confiait au Figaro (8/9/2022) : "Nous préférons éviter de parler de “stéréotypes de genres”. Ce n’est pas le bon axe et ce serait réducteur. Le sujet, c’est l’égalité entre les femmes et les hommes, l’éducation à la sexualité et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes." Ce que confirmait la circulaire de rentrée du même ministère : "La lutte contre les stéréotypes de genre, dans l’enseignement comme dans l’orientation, doit de même tous nous animer." L’axe qu’il s’agissait d’éviter est-il devenu légitime en quelques jours ou est-ce une manière de suggérer que l’école est le royaume des désaxés ?

L’illusion d’un sexe sans gravité

"De même", dit toutefois la circulaire, comme un ajout ou une concession. Ce qui précède la référence au genre fait la part belle à ce qui était revendiqué fin août : "L'École, creuset de l'égalité, peut par son action contribuer à faire reculer les violences sexistes et sexuelles et les inégalités entre femmes et hommes qui existent au sein de notre société. Au-delà des actions de sensibilisation qui doivent continuer, il est nécessaire de donner une réalité plus tangible et systématique à l'éducation à la sexualité vue comme l'apprentissage d'un comportement responsable dans le respect de soi et des autres." Il est tentant de sourire devant l’appel à une éducation sexuelle "plus tangible" — exercices pratiques ? —, mais l’important n’est pas là. La question est de savoir si les violences sexuelles — et sexistes, selon un ajout systématique qui n’est pas anodin — constituent le bon axe pour éduquer à un "comportement responsable" ?

L’axe semble certes meilleur que celui des stéréotypes de genre. Il a le mérite de ne pas être dupe d’un discours naïvement nuisible sur le sexe "sympa", lieu de "l’éclate", pour "se faire plaisir" (triste formule pronominale masturbatoire). Il est heureux que les faux éducateurs, qui distribuaient des préservatifs en souriant d’un air entendu, aient découvert que l’hygiène n’était pas tout. On peut violer tout en ayant "pris ses précautions" pour ne pas être contaminé. Il est même plus que probable que l’idéologie du sexe sans risque a contribué à l’illusion d’un sexe sans gravité. 

Je trouve terrible d’avoir à parler à des jeunes de quinze ans des moyens anticonceptionnels, alors que jamais de leur vie, à l’école, on ne leur a parlé de la noblesse de la conception.

Sur ce point, il est assez piquant de constater que l’Éducation nationale incite à faire ce que beaucoup ont reproché et continuent à reprocher à l’Église : rappeler que le sexe peut être le lieu de l’égoïsme, du mépris de l’autre, de la soumission à des instincts troubles. Pour un peu, le ministère pourrait citer le paragraphe 2342 du Catéchisme de l’Église catholique (CEC) : "La maîtrise de soi est une œuvre de longue haleine. Jamais on ne la considérera comme acquise une fois pour toutes. Elle suppose un effort repris à tous les âges de la vie. L’effort requis peut être plus intense à certaines époques, ainsi lorsque se forme la personnalité, pendant l’enfance et l’adolescence."

La noblesse de la conception

Mettre en garde contre la violence possible et inviter au respect est donc un meilleur axe que la lutte contre les stéréotypes de genre. Toutefois, cette perspective reste elle aussi "réductrice", parce qu’elle ne permettra jamais de traiter la sexualité sous les deux aspects libérateurs que rappelle le CEC : l’intégrité de la personne et l’intégralité du don. C’est pourquoi, précise le CEC, la maîtrise de soi est avant tout "une pédagogie de la liberté humaine". À ceux qui jugeraient que le Catéchisme de l’Église catholique peut difficilement être mis au programme des collèges et lycées, on peut proposer une autre référence, qui eut d’ailleurs son heure de gloire dans l’Éducation nationale. Il s’agit de Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste. En 1988, dans La Cause des adolescents, Dolto tenta de rappeler une évidence apparemment oubliée par les ministères, que l’axe de l’éducation sexuelle soit les stéréotypes de genre, l’égalité entre hommes et femmes ou encore les moyens de contraception :

Savoir s’émerveiller

Le chapitre, notons-le au passage, s’intitule "Le purgatoire de la jeunesse et la seconde naissance", signe que la théologie catholique peut rendre des services inattendus à qui veut comprendre la sexualité adolescente. Les propos de Dolto, en tout cas, remplissent parfaitement les critères du ministère, puisqu’ils permettent de lier la sexualité au respect de soi et des autres. Quel respect de moi puis-je avoir, si je ne considère pas que ma naissance est une belle chose ? Savoir s’émerveiller de la noblesse de toute conception n’est-il pas le plus sûr moyen de respecter l’autre ? Je ne sais si c’est "l’ABC de l’égalité", mais c’est probablement le b.a.-ba de la charité.

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