Dans une Indonésie majoritairement musulmane, l’île de Florès concentre une large population catholique et fervente. Elle abrite tant de vocations religieuses qu’elle est surnommée "le petit Vatican".
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L’île de Florès représente une singularité dans la carte religieuse de l’Indonésie. Alors que 85% des habitants de l’archipel sont musulmans, les catholiques sont largement majoritaires sur Florès, où ils représentent 70% de la population. Ils ont développé des formes de piété qui leurs sont propres comme celui de la "Semana Santa", une impressionnante procession de statues de Tuan Ma (Mère Marie) et Tuan Ana (Jésus-Christ), qui culmine le Vendredi saint. Cet usage remonte à un demi millénaire. Selon la tradition, un homme aurait rencontré une femme qui cherchait des escargots sur la plage. L'homme s'appelait Resiona. Lorsque Resiona a demandé à la femme son nom et d'où elle venait, celle-ci a simplement écrit trois phrases sur le sable qui se lisaient Reinha Rosario Maria. Instantanément, la femme s'est transformée en une statue de bois. C’est cette statue qui serait encore transportée aujourd’hui au milieu du peuple vêtu de noir en signe de deuil pour le Vendredi Saint.
"Notre jeune Église est une Église missionnaire. Nous envoyons 500 prêtres et religieux missionnaires dans le monde", se réjouit Mgr Ewaldus Martinus Sedu, évêque de Maumere, petit diocèse du centre de l’île de Florès, en Indonésie. La recette d’un tel succès ? Tout simplement le terreau familial si l’on en croit cet évêque. Les familles catholiques de Florès, en recevant les sacrements et en pratiquant la charité, offrent "un environnement où les graines de Dieu peuvent être semées", décrit l’évêque. En particulier, le séminaire des Missionnaires Verbites qui forme 1.200 séminaristes, soit le plus grand du monde, rapportent les Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM). Les cinq diocèses qui découpent l’île comptent 847 prêtres et 646 séminaristes autochtones si l’on en croit les relevés de gcatholic.org.
Un prêtre témoigne
Le père Patrick Suryadi, ordonné le 4 octobre 2017, est né dans cette atmosphère fervente. Il se réjouit du rôle d’éducatrice et de pacificatrice que l’Église joue sur sa terre natale. Ici cohabitent 6 ethnies très diverses, avec des modes de vie et des langues différents, qui vivent le plus souvent cloisonnées. Le prêtre se réjouit de voir les efforts qui sont faits au séminaire pour que les diverses ethnies apprennent à se connaître. Lors de sa formation, il a été sensibilisé à cette diversité que les habitants de Florès eux-mêmes appréhendent souvent mal, en raison des cloisonnements entre les groupes ethniques.
Le défi principal auquel il est confronté en tant que prêtre est la pauvreté de ses paroissiens, car l’île de Florès est l’une des plus pauvres de l’archipel. Les insulaires travaillent principalement dans l’agriculture. Mais le prêtre constate un changement de mentalité de ses compatriotes, qui s’intéressent de plus en plus à la qualité de l’éducation de leurs enfants : "Ils commencent à se rendre compte que le slogan "dempul wuku tela toni" (travailler la terre jusqu’à se casser les ongles et avoir le dos brûlé par le soleil, ndlr) n'est pas une garantie pour parvenir à une vie prospère, mais un travail intelligent, efficace et efficient, et cela ne peut se faire que par l'éducation".
Être prêtre, c’est être serviteur.
Or, l’Église joue aussi un grand rôle dans le domaine de l’éducation. Les enfants indonésiens ont désormais tous accès à l’école, mais le niveau des écoles publiques n’est pas bon. Aussi la présence d’écoles catholiques et, depuis 2019, d’une université catholique, permet d’améliorer l’accès à des enseignements de qualité. Considérant le rôle social qu’elle joue, il n’est pas étonnant que l’Église jouisse d’une bonne réputation au sein de la population, mais cette médaille a un revers, avertit le père.
"Le peuple de Florès considère le prêtre comme un représentant du Christ et une personne sainte. C’est pourquoi, le statut social des prêtres à Florès est considéré comme supérieur", décrit-il. Un statut qui pourrait susciter des vocations biaisées. Au contraire, "être prêtre, c’est être serviteur", rappelle le père Patrick Suryadi, qui compte sur la formation au séminaire pour, selon ses termes, "confirmer les vocations".