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À qui va-t-on annoncer l’Évangile cette semaine ?

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Pierre Vivarès - publié le 07/09/22 - mis à jour le 10/08/23
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Alors que nos paroisses préparent leur rentrée, les questions d’organisation empêchent souvent de se poser la seule vraie question : à qui va-t-on annoncer l’Évangile cette semaine ? Curé de la paroisse Saint-Paul de Paris, le père Pierre Vivarès rappelle que nous sommes aussi au service de ceux qui ne demandent rien.

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En ce début d’année, beaucoup de diocèses ou de paroisses ont vécu des sessions de rentrée. La forme, le contenu et les participants de ces sessions peuvent varier. Ce peut être une équipe de deux ou trois prêtres qui part quelques jours à la campagne pour préparer l’année, une journée en paroisse avec les membres du conseil pastoral ou de l’EAP, un conseil épiscopal à géométrie variable suivant les sujets abordés, chaque paroisse, communauté ou diocèse prend le temps d’organiser l’année pastorale après la césure de l’été.

On peut essayer de tout prévoir, organiser, calibrer et dater, nous serons toujours dans l’accueil de ce souffle dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va.

Cela peut sembler être de la cuisine d’agenda pour savoir quand célébrer tel sacrement, organiser telle ou telle réunion, prévoir tel ou tel événement. Cet aspect est nécessaire évidemment : les journées ne faisant que vingt-quatre heures et les semaines sept jours, il faut bien accueillir le réel du temps qui nous est imparti. Mais il faut aussi compter les forces en présence : quels bénévoles pour quelles activités, quels prêtres, diacres, laïcs pour accompagner quels groupes, quelle formation sous quelle forme pour quelles demandes reçues ?

Entre ce que l’on désirerait mettre en œuvre et les moyens dont on dispose, le réel nous rattrape souvent. Mais nous faisons face aussi et surtout à l’imprévu de Dieu que l’on ne peut pas envisager. Contrairement à une entreprise, nos forces ne sont ni salariales ni économiques : pas de commandes à honorer, de contrats à négocier, des services à proposer. Il n’y a que la liberté d’hommes, de femmes et d’enfants qui participent à la vie de la communauté ou qui viennent demander quelque chose à la communauté. Cette liberté n’est heureusement pas prévisible et l’on peut essayer de tout prévoir, organiser, calibrer et dater, nous serons toujours dans l’accueil de ce souffle dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va. 

Ceux qui ne demandent rien

Comme pasteurs, bénévoles ou salariés d’une communauté, nous sommes au service de trois réalités. L’assemblée présente régulièrement lors des célébrations, laquelle est stable, connue, reconnue et qui vient prier, célébrer, se former, partager entre frères chrétiens, servir les souffrants et intercéder pour le monde. Puis ceux qui viennent au cours de l’année demander quelque chose à la communauté : la personne en souffrance matérielle ou spirituelle, les fiancés pour un mariage, les parents de jeunes enfants pour un baptême, une famille en deuil pour des obsèques, un catéchumène adulte, le catéchisme ou l’aumônerie, un groupe de prière ou de formation. Nous espérons toujours et travaillons pour que ces personnes découvrent la joie de vivre et de participer pleinement à la vie régulière de la communauté afin de recevoir le Corps du Christ, eucharistique et ecclésial, mais nous ne subordonnons pas leur demande à cette participation. Ce serait le principe d’une secte. 

La révolution est que chaque chrétien annonce l’Évangile autour de lui et que la communauté soit au service de cette mission sans se contenter de faire tourner la boutique.

Mais nous sommes aussi au service de ceux qui ne demandent rien. Nous ne sommes pas des communautés fermées sur elles-mêmes, ne se reproduisant et ne grandissant que par la merveille de la génétique et de l’enfantement. La révolution à vivre dans nos Églises du vieux monde n’est certainement pas structurelle pour savoir qui décide quoi, qui a du pouvoir ou qui n’en a pas ou si la parité est bien respectée dans un conseil pastoral ou au catéchisme, car il n’y aura jamais assez d’hommes présents pour obtenir cette parité.

La révolution est que chaque chrétien annonce l’Évangile autour de lui et que la communauté soit au service de cette mission sans se contenter de faire tourner la boutique. Nos querelles picrocholines, boutiquières, nous empêchent de nous poser à chacun la seule vraie question : à qui ai-je annoncé l’Évangile cette semaine par mes actes (de charité, de service, d’écoute), mes paroles (de réconfort, de miséricorde, d’exigence ou de conversion), ma présence (aimante, gratuite, souriante), ma prière (pour le prochain ou les besoins du monde) ou parfois même mon absence ou mon silence, pour ne pas collaborer au mal ou le soutenir ? 

C’est ensemble que nous annonçons l’Évangile et tout ce que nous préparons est au service de cette puissante liberté du Christ et de sa parole. En ce début d’année, l’on peut se demander comment et à qui nous allons annoncer cet Évangile, accueillir avec justesse et justice ceux qui viennent, rejoindre ceux qui ne viennent pas, apporter la miséricorde de Dieu à ce monde en souffrance. 

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