1Le consistoire et l’assemblée des cardinaux, ballon d’essai avant un éventuel conclave ?
Après le consistoire pour la création de 20 nouveaux cardinaux, les deux journées de rencontre sur la constitution apostolique de la Curie romaine servent en réalité à discuter "de nombreuses autres questions", estime la vaticaniste argentine Elisabetta Piqué. Elle y voit "une occasion extraordinaire, surtout après la pandémie, pour les cardinaux du monde entier, (...) non seulement de discuter des défis actuels de l'Église, de ses préoccupations, de la situation compliquée et critique du monde, mais surtout d'apprendre à se connaître personnellement". Et ceci "en gardant à l'esprit, inévitablement, que parmi eux pourrait se trouver le successeur de François". Le Pape a fini de façonner la configuration du prochain conclave, ajoute-t-elle : "Sur les 132 cardinaux électeurs actuels, issus de 69 pays, 83 ont été créés par lui, soit près des deux tiers des cardinaux qui entreront demain dans la chapelle Sixtine pour élire son successeur, après sa démission ou sa mort". De même, François a internationalisé le collège des cardinaux comme jamais auparavant : les pays du Nord ont perdu du poids et ceux du Sud, "ceux des périphéries", en ont gagné. Sur les 132 électeurs, 53 sont originaires d'Europe, 38 des Amériques, 21 d'Asie, 17 d'Afrique et 3 d'Océanie. Pour Elisabetta Piqué, il semble donc que le pontife régnant prépare l’avenir. Même si ce n’est pas pour tout de suite car, au-delà de ses problèmes de genou, "l’ancien archevêque de Buenos Aires se porte très bien, lucide comme jamais, de bonne humeur et loin de jeter l'éponge".
2 L’attitude d’opposition sous-jacente à Vatican II n’est pas catholique, avertit un cardinal
Le nouveau cardinal Arthur Roche, préfet du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, affirme que ceux qui s'opposent "obstinément" aux réformes liturgiques du Concile Vatican II risquent d'adopter une position qui n'est plus catholique. "Le concile est la plus haute législation qui existe dans l'Église", a-t-il déclaré à The Tablet et au National Catholic Reporter. "Si vous ne tenez pas compte de cela, vous vous mettez de côté, aux marges de l'Église. Vous devenez plus protestant que vous n'êtes catholique". Le défenseur de la réforme conciliaire, bras droit du pape François pour la liturgie, estime qu’il est “très grave” de s’y opposer. Le prélat affirme que la messe en langue vernaculaire peut être tout aussi digne que la messe en latin. En rappelant cependant que seul le rite Tridentin est dans le viseur du Vatican: "La messe en latin est toujours disponible dans le Missel de 1962 pour ceux qui le souhaitent", a-t-il déclaré.
3L’éclipse des catholiques dans la vie politique italienne
"Il y a en Italie un monde catholique qui pense, qui écrit, qui produit des œuvres de toutes sortes : mais dans le discours public est un monde presque absent." Tel est le constat du journaliste du Corriere della Sera qui estime que seul le Pape aujourd’hui parvient encore à se faire entendre dans la Péninsule. La raison de cette éclipse : l’identité catholique est devenue indéfinissable. Or pour “exister”, il faut "consister". Et de citer le grand écart idéologique entre certains catholiques, sur la notion de la guerre juste ou le droit à l’avortement par exemple. Face à la sécularisation et l’individualisme, le catholicisme est passé d’une opposition résignée à une logique de compromis. L’identité catholique a éclaté en constellation d’identités. Le principe de rester uni sur les questions fondamentales a volé en éclats. Dès lors, les catholiques, encore nombreux pourtant, sont devenus muets politiquement. Reste à savoir si cela est définitif ou non.