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[HOMÉLIE] La première place à l’humilité

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Jacques de Longeaux - publié le 27/08/22
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Curé de la paroisse Saint-Pierre-du-Gros-Caillou à Paris, le père Jacques de Longeaux commente les lectures du XXIIe dimanche ordinaire (Si 3, 17-29 ; Lc 14, 1.7-14). La véritable humilité naît de la conscience de notre petitesse face à Dieu, pour que sa grande œuvre se réalise en nous.

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Ne cherchons pas dans l’évangile de ce dimanche une leçon de savoir-vivre ! Les paraboles de Jésus sont des révélations. Elles manifestent des vérités essentielles sur le Royaume de Dieu, sur sa venue et ce qu’il faut faire pour y avoir part. L’homme qui a pris la dernière place et qui a été élevé jusqu’à la première, c’est Jésus lui-même : "Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du nom qui est au-dessus de tout nom" (Ph 2, 8-9). Sur la Croix, Jésus s’est identifié aux pauvres qu’il nous commande de recevoir : "Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait" (Mt 25, 40). 

L’humilité est un service

Jésus appelle ses disciples à suivre son exemple, à parcourir le chemin qu’il a emprunté le premier : "Qui s’élève sera abaissé ; et qui s'abaisse sera élevé" (Lc 17, 11). C’est pourquoi la spiritualité chrétienne accorde la première place à l’humilité. C’est un trait spécifiquement chrétien. Les penseurs de l’Antiquité grecque et latine, qui ont longuement réfléchi sur les vertus, ignoraient l’humilité. Jamais ils n’auraient enseigné qu’il fallait s’abaisser pour être élevé. Comprenons bien. Il ne s’agit pas de s’abaisser pour s’abaisser : il est bon de développer ses talents. L’humilité ne doit pas servir de prétexte à la paresse de celui qui laisse ses dons en friche. Il ne faut pas non plus confondre l’humilité et le manque de confiance en soi, ni se laisser abuser par la "fausse humilité" de celui qui ne cesse de parler de lui-même en prétendant qu’il n’est bon à rien pour qu’on l’assure du contraire. 

La personne véritablement humble est consciente de ses faiblesses, de ses défauts, mais aussi de ses talents.

La personne véritablement humble est consciente de ses faiblesses, de ses défauts, mais aussi de ses talents. Elle les fait fructifier en les mettant au service du bien commun. Elle accepte, si elle en a la capacité, d’occuper une position élevée, mais elle n’en tire aucun sentiment de supériorité qui la conduirait à mépriser ceux qui sont d’un rang inférieur. Elle considère sa charge comme une responsabilité sociale dont elle aura à rendre compte. Elle est prête à y renoncer lorsque le temps viendra de la céder à une autre. La personne humble ne se vexe pas lorsqu’on lui fait une remarque. Elle a de l’humour sur elle-même.

Une condition de la charité

L’humilité est une condition de la charité. Lorsqu’on aime, on ne se grandit pas au détriment de celui qu’on prétend aimer ; on est en vérité avec autrui ; on ne regarde personne de haut ni avec suffisance. La véritable humilité naît de la conscience de notre petitesse face à Dieu (les auteurs spirituels n’hésitent pas à parler du "rien" du "néant" que nous sommes). Créatures, nous sommes peu de chose face au Créateur ; pécheurs, nous ne faisons pas les fiers en présence du Dieu saint. L’homme humble, selon la Bible, est décentré de lui-même : il cherche Dieu, il obéit à sa Parole : "L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute" (Si 3, 29). Lorsque l’homme s’exalte en raison de son intelligence, de son pouvoir, de sa richesse, de sa technique ou de ses réalisations — lorsqu’il finit par se prendre lui-même pour un dieu — il est près de se détruire. Au contraire, en présence de Dieu nous ne pouvons que nous reconnaître pauvres, petits, vulnérables, faillibles, impuissants. 

Cependant, il ne s’agit pas de nous complaire dans cet état. Bien plutôt, nous croyons que Dieu veut nous élever au plus haut, jusque dans sa gloire. Le désir de grandeur que nous portons n’est pas vain. Si Dieu nous a créés à son image, c’est pour qu’un jour cette image resplendisse en nous d’une ressemblance parfaite. Mais nous ne nous attribuons pas à nous-mêmes cette grandeur, nous la recevons de Dieu. Nous avons été créés pour la gloire ! Pas celle qui vient des hommes, mais celle qui vient de Dieu, Sa gloire qu’il veut nous communiquer pour que notre vie Lui rende gloire. Une gloire qui sera donnée aux pauvres de cœur, capables de la désirer et de la recevoir. Que le Seigneur nous dépouille de nos petites vanités, de nos ridicules querelles de préséance, qu’il nous donne un cœur humble à l’écoute de sa Parole, pour que sa grande œuvre se réalise en nous. 

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