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Glaçant. Après deux semaines d’assignation à résidence, Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa, au Nicaragua, a été arrêté vers 3 heures du matin par la police et emmené dans un convoi d’au moins huit voitures. D’abord rapportée par plusieurs médias locaux, l’information a ensuite été confirmée par son diocèse. Le média Boletin Ecologico, un autre média local, a également publié des vidéos de cloches d'églises sonnant pour avertir les habitants de Matagalpa que la police emmenait l'évêque, au petit matin, ce vendredi 19 août. L’évêque et ceux qui l'accompagnent pourraient être emmenés à la tristement célèbre prison d'El Chipote à Managua, où sont détenus plus de 190 prisonniers politiques.
Dieu voit tout, dans l'Eucharistie qui vainc les ténèbres et les inégalités, qui à chaque messe fait trembler les enfers.
Mgr Alvarez, ainsi que cinq prêtres et six laïcs, étaient retenus dans la résidence de l’évêque depuis le 3 août. Le lendemain, la police a publié une déclaration disant que l’évêque faisait l’objet d’une enquête. Le gouvernement de Daniel Ortega accuse l’évêque d'"organiser des groupes violents, les incitant à commettre des actes de haine contre le peuple", dans l'intention de "déstabiliser l’État".
Depuis son assignation à résidence, Mgr Alvarez a continué à célébrer la messe – diffusée en ligne – avec des messages axés sur le pardon et un Dieu qui "voit tout, dans l'Eucharistie qui vainc les ténèbres et les inégalités, qui à chaque messe fait trembler les enfers". Il a également déclaré que lui et les autres « détenus » plaçaient leur confiance en Dieu, « joyeux parce qu'il est avec nous, parce que notre force et notre espérance intérieure viennent de lui, notre joie sereine, notre ferme espérance et notre conviction que Dieu ne déçoit pas, que Dieu a toujours le dernier mot dans l'histoire et dans notre histoire.
Des tensions depuis 2018
Mercredi 17 août, près de trente anciens chefs d'État d'Amérique latine et d'Espagne ont exprimé leur inquiétude face à la "persécution religieuse déclenchée par le régime" de Daniel Ortega. Ils ont demandé au pape François de prendre la défense du peuple nicaraguayen et de la liberté religieuse.
Les relations entre l'Église catholique et le gouvernement de Daniel Ortega sont tendues depuis 2018 lorsque des manifestants qui réclamaient la démission du président nicaraguayen ont trouvé refuge dans des églises. Le président Ortega accuse le clergé catholique de complicité de tentative de coup d'État ourdie par Washington. La crise a même mené à l'expulsion en mars du nonce apostolique, Mgr Waldemar Sommertag. En juillet, les missionnaires de la Charité, congrégation fondée par Mère Teresa, ont dû quitter le Nicaragua, expulsées comme des «délinquantes». Depuis, plusieurs radios catholiques ont également dû fermer.