Il y a deux cents ans, le 11 juillet 1822, Jean-Marie Odin, jeune prêtre du diocèse de Lyon, débarquait en Amérique. Il deviendra le premier évêque du Texas.
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Ambierle est un village de deux mille habitants situé près de Roanne, dans la partie du département de la Loire qui dépend du diocèse de Lyon. Dans l’église de son prieuré du XVe siècle se trouve une tombe inattendue : sous les dalles d’une chapelle repose le premier évêque du Texas, Mgr Jean-Marie Odin (1800-1870). Comment se fait-il que dans un village du Roannais soit enterré le fondateur des diocèses texans ? La réponse tient dans l’aventure missionnaire française du XIXe siècle. Le renouveau phénoménal du catholicisme au XIXe siècle a fait que de nombreux missionnaires sont partis dans le monde entier, et, du diocèse de Lyon, beaucoup sont partis aux États-Unis où ils ont fondé et dirigé des diocèses.
Un évêque à cheval
Jean-Marie Odin, né à Ambierle, est ainsi parti aux États-Unis en 1822 alors qu’il n’était que sous-diacre. Subitement, suite à la visite à Lyon de l’évêque de la Nouvelle-Orléans, Mgr Dubourg, il décide de partir avec cet évêque afin d’évangéliser les Indiens d’Amérique. Il s’en suit quarante-huit ans de vie missionnaire aux États-Unis. Il commence son apostolat au Missouri et en Arkansas auprès des Indiens en pleine conquête de l’Ouest. Il est nommé vice-préfet, puis vicaire apostolique au Texas, qui vient juste de devenir indépendant du Mexique. Il fonde alors l’Église sur place et devient évêque de Galveston, un diocèse de la taille de cet État plus grand que la France. Un évêque à cheval annonçant l’Évangile aux Indiens, aux Mexicains et aux pionniers américains en plein Far West !
En 1861, il est témoin d’une autre page de l’histoire américaine. Archevêque de la Nouvelle-Orléans, il voit la guerre de Sécession éclater. En plein cœur du Sud, il dirige un diocèse dans la tourmente et dans le contexte difficile de l’esclavage. Acteur de la charité, il mobilise les congrégations religieuses et les aumôniers militaires pour apporter réconfort et soins auprès des victimes. Il s’occupe aussi des esclaves libérés en créant des écoles pour eux. Sa correspondance est un témoignage de ces événements essentiels de l’histoire américaine.
Un souvenir bien vivace
Mgr Odin n’est pas le seul Français sur place. Outre de nombreux prêtres, les évêques du Sud et certains du Nord sont souvent Français et du même département de la Loire : son successeur à Galveston, Mgr Dubuis, le premier évêque de Mobile, Mgr Portier, son prédécesseur à la Nouvelle-Orléans, Mgr Blanc, l’évêque de Natchitoches en Louisiane, Mgr Durier etc. Ils sont des acteurs de ces racines françaises du catholicisme américain. Et leur souvenir est bien vivace : en 1988, les quatorze évêques du Texas sont venus en pèlerinage à Ambierle pour remercier Mgr Odin.
Les Texans sont reconnaissants envers lui, et les Ambierlois aussi. Une association du village, l'Association des amis de Mgr Jean-Marie Odin, entretient sa mémoire avec la commémoration du bicentenaire de son arrivée en Amérique, le 11 juillet 1822. L'association organise dans ce cadre, les 9 et 10 juillet prochains, un concert de l'Ensemble vocal de Roanne le 9 au soir, et le lendemain une messe présidée par le directeur des Œuvres pontificales missionnaires, puis une conférence de l’historien Yannick Essertel sur les missionnaires du diocèse de Lyon aux États-Unis. Un prêtre et des séminaristes Texans basés à Rome seront présents pour rendre hommage au fondateur de leur Église.
Une telle démarche a un sens profond tant pour les Texans qui viennent se rafraîchir à la source de leur Église, que pour les Français qui trouvent ici un exemple édifiant d’évangélisateur. Mgr Odin et ses compagnons n’ont pas fini de nous inspirer en ces temps d’urgence missionnaire.