1Une religieuse va recevoir la plus haute distinction civile des États-Unis
La religieuse catholique américaine Simone Campbell, qui fait partie de la Congrégation des Sœurs du service social, recevra la médaille présidentielle de la Liberté le 7 juillet, a annoncé vendredi la Maison Blanche. Cette récompense est la plus haute distinction civile aux États-Unis et sœur Campbell sera l'une des 17 personnes à la recevoir au cours de la cérémonie. Elle était à la tête de l'organisation catholique de lobbying pour la justice sociale “Network”, jusqu'à sa retraite l'année dernière. La Maison-Blanche l'a décrite comme "une avocate éminente de la justice économique, de la réforme de l'immigration et de la politique de santé". Elle est notamment connue pour avoir organisé "Nuns on the Bus", une tournée qui l'a conduite, avec d'autres sœurs, à des centaines d'événements dans tous les États-Unis pour attirer l'attention sur la nécessité d'élargir le filet de sécurité sociale. Sœur Campbell a déclaré sur Twitter qu'elle était "profondément honorée par cette reconnaissance inattendue, qui met en lumière le travail important consistant à mettre en lumière les expériences des gens ordinaires de notre nation afin d'élaborer des politiques pour tous". Le communiqué de la Maison Blanche précise que le prix est décerné aux Américains "qui ont contribué de manière exemplaire à la prospérité, aux valeurs ou à la sécurité des États-Unis, à la paix dans le monde ou à d'autres entreprises sociétales, publiques ou privées importantes."
2Dans le vaste panorama des religions antiques, le christianisme fut une "innovation de rupture"
"En l’an 70, la start-up Jésus aurait pu disparaître", écrit l’anthropologue Dominique Desjeux dans son livre Le marché des dieux, Comment naissent les innovations religieuses, du judaïsme au christianisme, paru aux Presses universitaires de France. Le professeur émérite à la Sorbonne n’est pas un spécialiste des religions, mais il a décidé d’appliquer à l’émergence du christianisme la même méthode d’analyse qu’à d’autres phénomènes historiques, comme l’essor de la société de consommation en Chine ou la diffusion des objets électriques dans les foyers français. En s’appuyant à la fois sur l’étude du climat, de l’imaginaire, de la logistique à partir notamment de la documentation archéologique, il remarque que le judaïsme connaissait une apogée au début de notre ère, représentant entre 6 et 8% de la population de l’Empire romaine. L’objectif de Jésus n’était pas de créer une nouvelle religion, mais de purifier le judaïsme. Mais la destruction du Temple de Jérusalem, en l’an 70, a bouleversé la donne. "Certains juifs vont se resserrer autour des règles de la Torah, ce qui constituera le judaïsme rabbinique. Les partisans de cette stratégie ne céderont rien sur la circoncision, les règles alimentaires. Face à cela, d’autres font au contraire le choix d’une stratégie d’ouverture et de prosélytisme envers les païens." Ce contexte d’émergence de l’aventure chrétienne montre que "les innovations ont parfois besoin des crises pour se diffuser, car celles-ci ouvrent des fenêtres d’opportunité", explique l’anthropologue.
3L'archevêque de Kinshasa revient sur le rôle de l’Église en République démocratique du Congo.
Il devait recevoir le pape François dans son pays mais le cardinal Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, a appris la nouvelle du report du voyage du pape quelques instants avant l’annonce officielle du Saint-Siège, le 10 juin. "J’étais complètement abasourdi", confie-t-il devant la caméra de KTO. Hasard du calendrier, KTO avait prévu ce même jour de faire un grand entretien avec le cardinal en amont du voyage. Dans cette interview de 26 minutes, celui qui est membre du Conseil des cardinaux censés aider le Pape dans son gouvernement se confie sur la situation de l’Église au Congo, une institution qui s’engage pleinement dans la transformation de la société. Dans ce pays riche de ses ressources naturelles, le peuple demeure pauvre et l’Église est un des rares acteurs à demander des comptes aux dirigeants. Sur la question du synode allemand, le cardinal africain indique que tous regardent avec "beaucoup d’attention" ce qui se passe là-bas. Et d’ajouter qu’il n’est pas question dans l’Église au Congo de remettre en cause la question du célibat. Il appréhende l’avenir de l’Église avec espérance, faisant le constat d’une Église qui se déplace du nord - où on a l’impression qu’elle est en train de mourir - au sud, où elle est pleine de vie.
4Comment l’Église catholique a transformé la vie des juifs américains
Josué Stanton, pour Religion News Service, estime que l’Église catholique était "la plus grande organisation idéologiquement antisémite au monde" il y a 60 ans. Mais aujourd’hui, selon lui, elle serait devenue la "plus grande organisation philosémitique". L’homme, qui fait partie de la délégation juive reçue au Vatican à la fin du mois de juin, note la fraternité qui unit aujourd’hui juifs et catholiques. Il se félicite du message que le pape leur a écrit lors de leur visite, considérant qu’il s’agit d’un "point culminant" en termes de relations judéo-chrétiennes. Une amélioration qui a porté du fruit selon ce juif américain, qui se réjouit de voir que le temps des prêtres antisémites est terminé. "Les transformations doctrinales de l'Église catholique ont façonné la vie juive d'aujourd'hui, nous permettant de trouver notre voix en tant que communauté de la diaspora d'une manière insondable pendant une grande partie des deux derniers millénaires", conclut-il.
5La Russie dénonce la "cancel culture", mais l’a activement mise en œuvre dans son histoire religieuse
Alors que la guerre russo-ukrainienne se poursuit, le directeur du Musée de l'Ermitage de Saint Petersbourg, Mikhail Piotrovsky, s'en est pris à l'annulation de la culture (la "cancel culture"), dont la Russie serait l'une des principales victimes, selon lui. Une rhétorique similaire à celle du président Poutine, alors que de nombreuses organisations excluent la Russie – ses artistes, ses athlètes, etc – de leurs événements. Des accusations similaires ont été répétées par la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova, par l'écrivain et député de la Douma, Zakhar Prilepin, et par les représentants russes à l'Unesco. Selon Poutine, le problème concerne "l'ostracisme public, les boycotts ou le silence total, l'oubli de faits évidents, de livres et de noms de grands auteurs historiques et actuels, de personnalités littéraires ou de simples personnes qui ne correspondent pas et ne correspondent pas aux normes actuelles, aussi absurdes soient-elles". Mais, souligne le Père Stefano Caprio – enseignant à l’Institut pontifical oriental – dans AsiaNews, la réécriture de l'histoire est "l’une des spécialités de la Russie depuis les premiers temps". Le pays, peut-on lire dans l’article, "a toujours essayé de plier les événements à son avantage et d'effacer les voix internes dissidentes de sa propre culture". "On peut essayer d'effacer et de rejeter la Russie pour tant de raisons de son passé et de son présent, mais cela revient à amputer une partie de soi et de son cœur, tout comme les féroces armées de Poutine qui bombardent et détruisent la terre où les Russes sont nés, conclut l’expert. La folie autodestructrice de la culture d'annulation contemporaine unit l'Est et l'Ouest, la Russie, l'Amérique et l'Europe, et la guerre actuelle n'est rien d'autre que la grande sanction punitive de tous envers tous."