Une paternité et une maternité partagée pour l'éternité, comme le promet ce surprenant passage de la Bible. "Il y a une phrase de l’Evangile qui m’a toujours choqué, parce que j’aime ma femme : quand Jésus dit qu’au ciel il n’y a plus ni mari et ni épouse ! Moi je voulais rester le mari de ma femme au ciel !" Dans la prière, Jean-Luc a compris une dimension nouvelle de sa vocation : "Je comprends ce que Jésus veut dire, ma femme sera toujours ma bien-aimée, et j’aimerais peut-être les autres autant. Cela m’a bouleversé de réaliser que je ne serai peut-être plus l’époux de ma femme, mais je resterai le père de nos enfants, et elle, la mère de nos enfants, donc nous serons unis pour l’éternité par notre paternité et maternité commune." En évoquant cette dimension éternelle de l’amour, Jean-Luc est émerveillé : "La vie de nos enfants vient de Dieu, mais nous, nous leur avons donné le corps. Ces enfants ne mourront jamais, ils seront là maintenant et pour l’éternité. Cela me bouleverse. Cela donne une direction à ma paternité."
Jean-Luc accepte avec confiance la vie de ses enfants, leurs choix, il s’abandonne avec foi dans le plan de Dieu pour chacun d’eux. "Aujourd’hui, j’essaie d’être là pour nos enfants. Ils connaissent tout, ils ont tout reçu. Maintenant, la grâce doit faire son chemin en eux." C’est dans cet état d’esprit qu’en janvier 2019, il fait face à une terrible douleur. Sa fille aînée alors âgée de 42 ans fait une embolie pulmonaire suite à une chute de ski, des ligaments abîmés et une phlébite non repérée. Son cœur s’arrête de battre pendant 45 minutes. Comme elle est mère de deux jeunes enfants, le Samu tente l’impossible et dépasse les protocoles habituels : c’est grâce à eux que la fille de Jean-Luc a la vie sauve. Les secouristes parlent d’un demi-miracle ; Jean-Luc, lui, prie pour un miracle complet.
"Le monde entier a prié pour ma fille, y compris le Pape." En effet, alors que Jean-Luc est chargé d’une mission au Vatican, le pape François lui offre une médaille de Marie qui défait les nœuds en l’assurant de sa prière. C’est la Pentecôte 2019. Pourtant, après cela, sa fille fait un AVC. Elle devient hémiplégique à gauche et perd aussi la jambe droite. Alors qu’elle est dans le coma, son mari décide de la quitter, il obtient la garde de leurs deux enfants. Jean-Luc souffre en constatant : "Elle a perdu son corps, son mari, ses enfants, sa maison, son travail."
"Jésus, tu es en ma fille"
La vie de Jean-Luc a été totalement bouleversée : en tant que père, devant la situation de sa fille, lui et son épouse n’ont pas hésité et ont installé leur fille chez eux. "Aucun lieu ne pouvait accueillir notre fille, les structures médicalisées qui correspondaient à son handicap étaient destinées à des personnes âgées, et notre fille était encore jeune, avec toute sa vitalité d’esprit. Il a fallu faire des travaux dans la maison pour aménager le rez-de-chaussée. Pourtant au milieu de tout cela, ma foi n’a jamais été ébranlée. La situation est dramatique, aujourd’hui je ne vois que les conséquences négatives, mais je crois fermement que tout concourt au bonheur de celui qui aime Dieu. En ce moment je ne comprends pas, mais je sais qu’un jour le handicap de ma fille fera éclater une gloire immense. Peut-être cela ne sera pas avant le Ciel, mais ce n’est pas grave."
Nous n’avons plus la présence eucharistique chez nous, mais nous avons de nouveau la présence réelle de Jésus à la maison.
La fille de Jean-Luc communie à cette foi vivante, comme le confie Jean-Luc : "A son réveil, on lui a demandé si elle était contente de vivre, et sa réponse a été "oui oui oui". A la question : "quelle est ta plus grande souffrance, d'avoir deux jambes et un bras en moins ou que ton mari t'ait quittée ?", elle a répondu sans hésitation : "Que mon mari m’ait quittée"." Devant tant de douleur, une question surgit dans le cœur de Jean-Luc : "Est-ce que je crois vraiment que Dieu est tout puissant ?"
Jean-Luc et son épouse sont émus en vivant avec leur fille : "Là où nous avons installé le lit de ma fille se trouvait il y a quelques années le Saint Sacrement. Nous n’avons plus la présence eucharistique chez nous, mais nous avons de nouveau la présence réelle de Jésus à la maison. Jésus présent dans le souffrant. Régulièrement, quand je rends un service à ma fille, je dis à Jésus que je le fais pour Lui, je lui dis "Jésus, tu es en ma fille"."
Pour Jean-Luc, vivre la confiance en Dieu change la vie. Il sait que la victoire du Christ est acquise une fois pour toute, et cela lui donne une paix extraordinaire. "Ça ne veut pas dire que je ne souffre pas mais je souffre dans la paix et l’Espérance de voir Dieu se manifester. Alors voilà, je suis père pour l’éternité et heureusement ! Heureusement que ça ne s’arrête pas sur terre, parce que je verrai la gloire de ma fille, les fruits de tous mes efforts et de tous ceux de ma femme."