Marzena Devoud - publié le 12/06/22 - mis à jour le 09/06/23
Quel est le secret d'une relation heureuse dans le mariage ? Nate et Kaley Klemp ont mené une enquête auprès de centaines de couples et affirment que l’égalité dans le mariage ne mène qu'à des compromis non satisfaisants. Au contraire, c’est le modèle 80/80 qui serait la clé d’un couple qui dure…
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Consultants pour des grandes entreprises américaines, Nate et Kaley Klemp ont tous les deux réussi leur carrière. Cependant, leur travail d'experts en leadership était souvent relégué au second plan lorsqu’ils rentraient à la maison le soir. La plupart du temps, ils se disputaient sur des sujets de vie familiale et le même sujet de discorde revenait tout le temps, revendiqué par chacun : celui de l’égalité entre les époux. Comme beaucoup de couples, Nate et Kaley croyaient en un modèle où les deux conjoints contribuent équitablement. Mais, en réalité, ils trouvaient cet équilibre idéal presque impossible à atteindre. C'est de cette frustration, expliquent-ils dans un podcast, qu'est née l'idée du modèle de couple appelé "80/80", celui qui permet de concilier couple, famille et carrière, et qu’ils détaillent dans leur livre The 80/80 Marriage.
S'appuyant sur plus d'une centaine d'entretiens avec des couples de tous horizons, Nate et Kaley mettent le doigt sur ce qui ne fonctionne pas vraiment dans la vie conjugale. Ils posent cette question : la clé d'une relation heureuse et durable consiste t-elle vraiment dans le partage équitable de toutes les tâches dans tous les domaines ? Les Klemp apportent cette réponse : le principe d’égalité systématique ne mène qu'à un compromis non satisfaisant. Et ils proposent un nouveau modèle de relation conjugale basé sur la générosité radicale.
50/50 : un compromis non satisfaisant
"Le combat quotidien au nom de l’équité a presque mis fin à notre mariage", confient Nate et Kaley dans l’introduction de leur livre. "La part de notre temps et de notre énergie consommée par des arguments sur qui en fait plus et qui en fait moins, était trop pesante", écrivent-ils. C’est pourquoi ils ont voulu se pencher sur cette question de façon approfondie, enquête sérieuse à l’appui.
Paradoxalement, le modèle 50/50 qui domine actuellement oppose les conjoints dans une surenchère d’arguments, au lieu de les encourager à faire des efforts.
Les Klemp affirment que toutes les personnes interrogées ont déclaré à l'unanimité qu'elles se sentaient très souvent dépassées et épuisées par leur quotidien en essayant de concilier le couple avec la parentalité, la prise en charge de parents vieillissants avec le travail. Presque tous ont déclaré que les pressions de la vie quotidienne pesaient sur leur relation. Parmi eux, des couples qui semblaient vivre un mariage parfait, ceux qui traversaient une crise dans leur relation, et aussi ceux qui avaient récemment divorcé. "Nous essayons d'être des couples parfaits, tout en essayant de suivre le rythme étourdissant de la vie. Et... nous rêvons toujours d'égalité", confiait aux auteurs de l'enquête l’un des couples interrogés.
"Quand tu gagnes, je perds"
Résultat ? "C'est à cause du rêve d'un soi-disant partage égal que les couples se disputent. Et plus le temps manque, plus la tension s'accumule. Plus le stress augmente, plus la bataille conjugale devient toxique en éloignant l’un de l’autre", expliquent les Klemp. Paradoxalement, le modèle 50/50 qui domine actuellement oppose les conjoints dans une surenchère d’arguments, au lieu de les encourager à faire des efforts dans leur vie de couple et de famille. Au cœur de ce principe du 50/50 se niche en réalité cette mentalité qu’on pourrait symboliser par cette phrase : "Quand tu gagnes, je perds." Elle fonctionne très bien dans le monde des affaires ou du sport, où l'objectif est de rivaliser avec ses adversaires pour gagner. Dans le mariage, en revanche, c'est un désastre, constatent les auteurs du livre. Par conséquent, cette démarche de compétition provoque le ressentiment qui prend finalement la place de l’amour.
Pour Nate et Kaley Klemp, le modèle 50/50 conduit à une comparaison constante des efforts de l’un et de l’autre, qui se résume par une sorte de tableau d'affichage : qui a fait des courses, qui a eu plus de dossiers à rendre au travail, qui a planifié les vacances prochaines, qui a pris en charge les conduites à l’école des enfants, qui a pris une journée de congé pour garder l’enfant malade à la maison... Comment déterminer ce qui est juste ? Cela semble difficile. Et c'est là que le couple d’experts esquisse une idée de couple durable : le modèle "80/80".
80/80 : une générosité radicale
En quoi consiste le modèle 80/80 ? Si l’équation mathématique est impossible, dans la relation conjugale, c’est tout à fait réalisable. "La seule manière de se libérer de la pression du partage équitable dans le couple est de viser quelque chose de beaucoup plus grand et beaucoup plus radical", affirment les Klemp.
« Quand tu gagnes, je gagne aussi »
La devise du modèle 80/80 ? "Quand tu gagnes, je gagne aussi." Passer d'un modèle 50/50 à un modèle 80/80, c'est remplacer la recherche de la justice par une générosité radicale. Il s'agit de faire un effort de 80 % pour mettre les objectifs communs avant les siens, c'est-à-dire de passer de moi à nous , autrement dit de la réussite individuelle à la réussite commune.
Lorsque le couple est ainsi synchronisé, il devient alors créatif et productif avec un sentiment d'intimité plus fort, affirment Nate et Kaley. En choisissant ce modèle 80/80 qui vise la générosité radicale, les conjoints cessent de gaspiller leur énergie dans des discussions inutiles, où chacun cherche à faire valoir son point de vue. Ils se mobilisent sur des objectifs communs qui les rendent tous deux meilleurs : élever leurs enfants, atteindre la stabilité financière du foyer, avoir des projets passionnants, veiller à l’épanouissement de l'un comme de l'autre. Finalement le conjoint devient un coéquipier et un ami dont le but n'est pas d'avoir raison, mais de soutenir, d'aimer et aider l'autre.
Accueillir l’autre radicalement
Si, dans l’enquête des Kemp, il n y a pas de lien direct avec la vision chrétienne du mariage, paradoxalement, leur constat sur la générosité radicale touche ce qui est essentiel dans le sacrement de mariage : accueillir l’autre radicalement. Seulement, par où commencer ? Dans un article d’Aleteia, le père Paul Habsburg donne ce conseil : Même si nous ne sommes pas toujours des héros en pleine forme, essayons quand-même de nous poser cette question : "Comment pourrais-je être aujourd’hui un don pour mon conjoint ?" Quand vous prenez la main de votre fiancée ou de votre femme, quand vous prenez votre conjoint dans vos bras, quand vous l’embrassez, essayez parfois de prendre conscience que vous ne le faites pas pour vous, mais vraiment pour l’autre. Vous verrez que vous ne perdez rien. Au contraire, vous gagnez beaucoup !
Quand vous rentrez du bureau bien fatigué, avant d’ouvrir la porte, posez-vous la question : "Comment pourrais-je être maintenant un don pour mon conjoint ?" Au lieu de vous plaindre de quelque chose, demandez plutôt à votre conjoint : "Comment pourrais-je te rendre heureux ?" Au lieu d’être impatient avec votre épouse ou votre époux, pourquoi ne pas lui poser cette question : "Puis-je t’aider en quelque chose… ?" Certes, cela ne semble pas facile au premier abord. Mais tout change dès que vous prenez conscience de cette profonde vérité : Dieu voudrait tellement rendre heureux votre aimé(e) à travers vos paroles, vos regards, vos gestes, vos petites surprises… Il compte sur votre belle promesse, quand vous lui avez dit "je vais t’aimer tous les jours de ma vie".