"Il n’y a pas de guerre juste", martèle sans cesse le pape François depuis le début de son pontificat. Y compris pour qualifier la bataille menée par les Ukrainiens contre l’agresseur russe. Effectivement toute guerre provoque des ravages sur les populations civiles et les plus faibles sont les premières victimes. Sans parler des viols utilisés comme arme de guerre par l’armée russe. Il faut savoir que là où il y a guerre, désordre, migrations massives, s’installent toujours des formes sournoises d’exploitation et de traite des êtres humains.
13.000 enfants déplacés sans leurs parents
Depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, plus de 5,4 millions de personnes sont arrivées dans l'Union européenne. La grande majorité des personnes qui fuient la guerre sont des femmes et des enfants. Plus de 13.000 enfants non-accompagnés et séparés ont été enregistrés dans l'Union européenne jusqu'à présent. Si dans un formidable élan de solidarité, des milliers de bénévoles et d'organisations de la société civile ont offert une aide immédiate (hébergement, transport, assistance sanitaire, accompagnement d'enfants...), il est apparu que des individus malveillants et des réseaux organisés de criminels tentent de tirer profit de la situation.
Pourtant dès le premier jour de la guerre, les associations, comme le Secours catholique-Caritas France et les 28 associations qu'il coordonne du Collectif Ensemble contre la traite des êtres humains et à un niveau international le réseau Caritas internationalis, ont alerté contre le risque d'exploitation et de traite des personnes fuyant la guerre, en Ukraine d'une région à l'autre, ou dans les pays voisins ou jusque dans nos pays d’Europe de l’Ouest.
Tout peut arriver
Il y a quelques jours, l'Union européenne a adopté un plan de lutte contre la traite des êtres humains pour prévenir la traite des personnes et aider les victimes parmi celles qui fuient la guerre en Ukraine. Un point nous préoccupe particulièrement, c'est celui des enfants : bébés nés de la GPA autorisée en Ukraine, et se retrouvant soudain sans parents ou même sans identité ; enfants ukrainiens envoyés en Russie alors que la Russie cherche à revoir ses lois sur l'adoption pour qu'ils puissent être adoptés par des Russes. Il y avait avant la guerre 100.000 "orphelins" en Ukraine, orphelins sociaux pour la plupart, abandonnés par leur famille pour cause de misère ou en raison d’un handicap.
Le plus urgent, dans leur intérêt est donc de rechercher leurs familles, mais avec le déplacement des orphelinats vers l’ouest du pays. C’est le chaos et des enfants disparaissent littéralement. Beaucoup d’enfants ont aussi fui l'Ukraine sans leurs parents. Ils se retrouvent parfois livrés à eux-mêmes, dans des pays inconnus et donc extrêmement vulnérables face à des prédateurs mafieux. Dans ces cas-là, tout peut arriver : vol d’enfants, prostitution, mendicité forcée, esclavage domestique, etc. Dans la dynamique lancée par l’Union européenne, il est important que tous les pays d’accueil soient sensibilisés aux dangers de la traite en temps de guerre et s'impliquent fortement pour identifier les mineurs non-accompagnés et suivre avec une grande vigilance leur parcours d’intégration.
Merci au Collectif Ensemble contre la traite des êtres humains dont j’apprécie l’engagement, la compétence et la ténacité, de nous sensibiliser à ce drame de la traite des enfants, drame invisible, surtout en temps de guerre !